Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/463

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sans aucune louange, le modèle de la modération et de la sagesse, ot où leurs irrégularités paraissent, sans aucun trait de satire, le comble de la mauvaise humeur, pour ne rien dire de plus ?

Le parlement est puissant, mais la vérité est plus forte que lui. Rien ne résiste à une histoire simple et vraie ; et ce qu’il a certainement de mieux à faire, c’est de ne rien dire. Vous sentez bien que je parle toujours au ministre d’un petit-fils de Louis XIV, à l’ami de MM. de Praslin et de Choiseul, et non pas au conseiller d’honneur.

Le but et le résumé de cette longue lettre est qu’il m’importe très-peu qu’Omer dénonce mon livre, mais je ne veux pas qu’il dénonce mon nom, et que je vous supplie, mes divins anges, d’engager le prince de Cramer à ordonner à quelqu’un des officiers de sa garde d’ôter ce nom, qui n’est pas en odeur de sainteté. Cette précaution et quelques cartons sont tout ce que je veux.

Si j’étais seulement commis de la chambre syndicale, j’arrêterais le débit d’Olympie jusqu’à ce qu’elle ait été tolérée ou sifflée au théâtre ; mais je ne suis pas fait pour avoir des dignités en France ; je ne veux qu’un titre, et le voici :

Je ne sais quel Anglais fit mettre sur son tombeau : ci-gît l’ami de philippe sidney ; je veux qu’on grave sur le mien : ci-gît l’ami de monsieur et de madame d’argental[1].


5265. — À M. CRAMER[2].

Mon cher Cramer, voici des cartons qui semblent nécessaires pour vous et pour moi. Votre édition n’entrera pas en France sans ce petit lénitif. Il est surtout d’une nécessité indispensable que ces cartons soient placés dans ce fatal volume séparé, qui contient les Additions à l’histoire.

Dieu prenne pitié de nous en ce saint temps de Pâques.


5266. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
Aux Délices, 13 avril.

Mes divins anges, je vois à peine, en écrivant, ce que j’écris ; mon clerc est bien malade, et moi aussi ; maman Denis a un en-

  1. Cette idée se trouve déjà dans une lettre de Voltaire, de juin 1738, à Frédéric, alors prince royal ; voyez tome XXXIV, page 503.
  2. Éditeurs, Bavoux et François.