Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/476

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vous voir : c’est M. Mac-Cartney, savant pour son âge, philosophe, et qui brillera comme un autre et mieux qu’un autre en parliament. Je prends la liberté de recommander liberum hominem homini libero.


5277. — À M.  COLINI.
Aux Délices, 3 mai.

Je vous prie instamment d’envoyer sur-le-champ, par la poste, un exemplaire d’Olympie à Son Éminence monseigneur le cardinal de Bernis, à Soissons. Vous me ferez très-grand plaisir, mon cher historiographe.

Êtes-vous à Schwetzingen ? êtes-vous à Manheim ? Pour moi, je suis au coin de mon feu, n’en pouvant plus.


5278. — À M.  LE MARQUIS ALBERGATI CAPACELLI.
Aux Délices, 5 mai.

Le pauvre vieux malade a reçu, monsieur, des bouteilles de vin dont il vous remercie, et dont il boira, s’il peut jamais boire ; il y a aussi des saucissons dont il mangera, s’il peut manger : il est dans un état fort triste, et ne peut guère actuellement parler ni de vers ni de saucissons. Vraiment, monsieur, vous me faites bien de l’honneur de vous regarder comme mon fils ; il est vrai que je me sens pour vous la tendresse d’un père, et que de plus j’ai l’âge requis pour l’être.

N’attribuez, monsieur, qu’à ma vieillesse si je ne me souviens pas du Père Paciaudi[1] ou Pacciardi ; je n’ai pas la mémoire bien fraîche et bien sûre. Il se peut faire que j’aie eu l’honneur de voir ce théatin ; mais je prie son ordre de me pardonner si je ne m’en souviens pas.

Rien ne peut égaler l’honneur que vous et vos amis m’avez daigné faire en traduisant quelques-uns de mes faibles ouvrages, et rien ne peut diminuer à mes yeux le mérite des traducteurs, ni affaiblir ma reconnaissance.

Comme l’état où je suis ne me permet d’écrire que très-rarement, et encore par une main étrangère, je n’entretiens pas un commerce fort suivi avec notre cher Goldoni ; mais j’aime toujours passionnément ses écrits et sa personne. J’imagine qu’il

  1. Paul-Marie Paciaudi, théatin et savant antiquaire, né à Turin en 1710, mort à Parme le 2 février 1785.