Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/478

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des dettes dans le pays où vous êtes ; j’ai su qu’on protégeait infiniment deux personnes à qui l’on fait partager avec vous une partie du produit de votre établissement, que vous aviez à faire à un homme qui demeure dans la maison et au frère d’un colonel fortement recommandé. Je vois avec douleur que des lettres d’un vieux malade comme moi, très-peu connu du seigneur châtelain, ne font pas un grand effet sur des esprits prévenus et qui semblent avoir pris leur parti.

Mais quoi ? n’avez-vous pas parlé vous-même ? n’avez-vous pas représenté vos droits ? ne pouvez-vous pas être le maître d’un établissement que vous avez formé ? n’êtes-vous pas libre ? Je suis assez malheureux pour ne pouvoir vous donner que des mots vagues et pour n’employer que de vaines sollicitations. Je suis persuadé du tort que l’on vous fait comme si on le faisait à moi-même.

Soyez persuadé, etc.


5281. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
8 mai.

Anges exterminateurs, celui qui vous appelait furie avait bien raison. Vous êtes mon berger, et vous écorchez votre vieux mouton. Voici les derniers bêlements de votre ouaille misérable.

1° Vous voulez qu’on imprime la médiocre Zulime au profit de Mlle Clairon : très-volontiers, pourvu qu’elle la fasse imprimer comme je l’ai faite. Je doute qu’elle trouve un libraire qui lui en donne cent écus ; mais je consens à tout, pourvu qu’on donne l’ouvrage tel que je l’ai envoyé en dernier lieu.

2° Voulez-vous supprimer l’édition de l’Olympie, ou en faire imprimer une autre, en adoucissant quelques passages sur ce détestable grand prêtre Joad, et le tout au profit de Mlle Clairon ? De tout mon cœur, avec plaisir assurément.

3° L’Histoire générale est peut-être un peu plus sérieuse. Le parlement sera irrité ; de quoi ? de ce que j’ai dit la vérité. Le gouvernement ne me pardonnera donc pas d’avoir dit que les Anglais ont pris le Canada[1], que j’avais, par parenthèse, offert, il y a quatre ans, de vendre aux Anglais : ce qui aurait tout fini, et ce que le frère de M. Pitt m’avait proposé. Mais laissons là le Canada, et parlons des iroquois qui me feraient brûler pour

  1. Voyez tome, XV, page 369. C’était dans le chapitre lviii qu’en 1763 Voltaire parlait de la prise du Canada.