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J’en reviens toujours à Candide : il faut finir par cultiver son jardin[1] : tout le reste, excepté l’amitié, est bien peu de chose ; et encore cultiver son jardin n’est pas grand’chose.

Vanité des vanités, et tout n’est que vanité[2], excepté de vivre tout doucement avec les personnes auxquelles on est attaché.

La nièce à Pierre[3], la nièce à François[4], et le vieux François[5], baisent le bout de vos ailes.


5313. — À M.  LACOMBE,
avocat.
Au château de Ferney, 13 juin.

Je reçus avant-hier, monsieur, par Mme  la duchesse d’Enville, les Lettres secrètes de la reine Christine[6], dont vous avez bien voulu m’honorer. Je ne suis pas étonné de voir combien l’assassinat de Monaldeschi vous révolte. Vous faites bien de l’honneur aux autres États de dire qu’on aurait puni Christine partout ailleurs qu’en France. Elle l’eût été sans doute dans les pays où les lois règnent ; mais ces pays sont en petit nombre, et Christine eût été impunie à Rome, à Madrid, à Vienne. Je vous serais très-obligé, monsieur, de vouloir bien me donner quelques éclaircissements sur l’authenticité de ces lettres. J’ai donné quelques lettres de Henri IV très-curieuses, dans la nouvelle édition de l’Essai sur l’Histoire générale. Je les tiens de M. le chevalier de La Motte[7], qui les a copiées à Andouin sur l’original[8]. J’ignore si ces Lettres secrètes de Christine sont écrites en italien et traduites en français. Je vois avec peine dans ces lettres les termes de pompons et de calotins, mots que j’ai vus naître dans notre langue. Au reste, si ces lettres sont de Christine, elles font peu d’honneur à son jugement. Quand on a abdiqué un trône, il faut être sage ; mais, supposé qu’elle ait eu le malheur d’écrire avec un orgueil si imprudent, ce livre est toujours un monument précieux. Je vous en remercie, et je vous supplie d’éclaircir mes doutes.

  1. Voyez tome XXI, page 218.
  2. Écclésiaste, i, 2.
  3. Mme  Dupuits, née Marie-Françoise Corneille.
  4. Mme  Denis.
  5. Voltaire lui-même.
  6. Ces lettres sont de Lacombe ; voyez tome XXIV, page 479.
  7. C’est à lui que sont adressées les lettres 5239 et 5273.
  8. Voyez ces lettres de Henri IV, tome XII, page 563.