Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/512

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toute cette cruauté fanatique, serait fortement réprimandé ; je doute beaucoup qu’on osât nous rendre une justice aussi complète à Aix ou à Grenoble. Nous obtiendrions après bien des peines et des délais la réhabilitation de la mémoire de Jean Calas, mais, de bonne foi, n’est-elle pas entièrement réhabilitée ? Y a-t-il quelqu’un dans l’Europe qui puisse encore douter ? Et l’ordre donné au parlement de Toulouse de rendre compte de ses motifs n’est-il pas flétrissant pour les juges ? Demande-t-on raison à un homme de sa conduite quand cette conduite est satisfaisante ? L’arrêt du parlement de Toulouse est déclaré injuste par le conseil et par le public. Que pourrions-nous demander à présent ? Une réparation. David devrait être condamné, solidairement avec les juges, à payer les frais du procès et à demander pardon à la veuve ; mais c’est ce qu’on ne fera pas. Les parlements seront toujours ménagés, et surtout par d’autres parlements. Nous obtiendrons tout au plus en province la réhabilitation d’une mémoire déjà toute réhabilitée dans l’Europe. Nous pourrions obtenir à Paris quelque chose de plus, et ce plus sera bien mince. Voilà sur quoi je voudrais que l’on consultât encore nos avocats et nos amis de Paris. M. Dumas pourrait en conférer avec M. Mariette. Une conversation produit plus d’effet que vingt lettres.

Je fais mille compliments à M. Debrus, à M. de Végobre et à leurs amis.


5318. — À M. DAMILAVILLE.
Juin.

Vraiment le ridicule de ce nouvel arrêt[1] manquait à ma chère patrie. Nous sommes les Polichinelles de l’Europe. Courage, messieurs ! Je prie mon cher frère de m’envoyer les édits du roi, qui me paraissent plus sages que celui contre la petite vérole. Est-il vrai que messieurs font des remontrances sur les édits ? Qu’ils se chargent donc des dettes de l’État.

Que je voudrais que mon frère vînt dans ma retraite philosopher avec ses amis ! Écr. l’inf…

  1. L’arrêt du 8 juin 1763 contre la petite vérole ; voyez la note, tome XXIV, page 467.