Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/513

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
5319. — À M.  LE COMTE D’ARGENTAL.
18 juin.

Mes anges, est-ce encore le coadjuteur qui a fait rendre ce bel arrêt contre la petite vérole[1] ? Messieurs ont apparemment voulu fournir des pratiques à Genève. Depuis l’arrêt contre l’émétique[2], on n’avait rien vu de pareil. Il me semble que la philosophie a donné de l’ardeur aux Gilles. Plus la raison se fortifie d’un côté, plus la grave folie établit ses tréteaux. Vous ne concevez pas jusqu’à quel point on se moque de nous en Europe. Je vous le dis souvent : après qu’un Berryer a gouverné votre marine, il manquait un Omer, et vous l’avez. Ce sont là de ces pièces qui sont sifflées dans le parterre de toutes les nations qui pensent. À vous dire le vrai, je ne suis pas fâché de cette équipée : j’en ferai mention en temps et lieu[3], pour égayer mes œuvres posthumes.

Je n’ai nulles nouvelles de la Gazette littéraire que vous protégez, nulle correspondance encore établie. J’ai bientôt épuisé ma Suisse, qui fournit plus de soldats que de livres. Les auteurs ne m’ont pas fait tenir une feuille de leur Gazette. Si M. le duc de Praslin approuvait la manière dont je veux m’y prendre pour avoir les livres nouveaux d’Italie, d’Angleterre, et de Hollande, je servirais avec zèle et avec promptitude ; mais je ne reçois ni ordres ni livres, et je reste oisif. Tant mieux, me dites-vous, vous aurez plus le temps de travailler à Olympie. Mes anges, je suis épuisé, rebuté ; je renifle sur cette Olympie. Il faut attendre le moment de la grâce, et cultiver le jardin de Candide.

Je baise les plumes de vos ailes.


5320. — À M.  DAMILAVILLE.
Juin.

Avez-vous reçu, mon cher ami, les trois feuilles ? En voulez-vous d’autres ? M. Merlin m’envoie-t-il ce que je lui ai demandé par le coche ? Thieriot doit-il beaucoup ? Les loups hurlent-ils contre l’Histoire générale ? J’ai lu, il y a longtemps, les prétendues Richesses de l’État[4]. L’auteur est un parent de Gribouille : il pro-

  1. L’arrêt du 8 juin 1763.
  2. Voyez, tome IX, une note du chant III de la Pucelle.
  3. Voyez tome XXIV, pacre 467.
  4. Voyez la note 2, page 499.