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Adieu, mon cher confrère ; je vous embrasse avec la plus tendre amitié.


5335. — À M.  DAMILAVILLE.
12 juillet.
Orate, fratres

Dieu bénit nos travaux. Jean-Jacques, l’apostat, n’a pas laissé de rendre de grands services par son Vicaire savoyard.

Presque tout le peuple de Genève est devenu philosophe. On a trouvé très-mauvais que le conseil de Genève ait fait brûler le livre de Jean-Jacques : Ce n’est pas ainsi, disent-ils, qu’on doit traiter un citoyen. Deux cents personnes, parmi lesquelles il y avait trois prêtres, sont venues faire de très-fortes remontrances ; mais il faut que vous sachiez que Jean-Jacques n’a été condamné que parce qu’on n’aime pas sa personne.

Admirez la Providence. L’auteur de l’Oracle des fidèles[1], livre excellent, trop peu connu, était un valet de chambre d’un conseiller-clerc de la seconde des enquêtes, nommé Nigon de Berty[2], cloître Notre-Dame : il est venu chez moi, il y est ; c’est une espèce de sauvage comme le curé Meslier.

Vous rendriez service aux frères si vous vous faisiez informer chez le conseiller Nigon de Berty ce que c’est qu’un Savoyard nommé Simon Bugex[3], qui a été chez lui en qualité de valet de chambre et de copiste. Apparemment ce Simon Bugex, auteur de l’Oracle des fidèles, était paroissien du Vicaire savoyard de Jean-Jacques.

C’est bien dommage que la tragédie de Socrate soit un ouvrage détestable ; mais on ne peut le faire bon et jouable.

On trouve les Remontrances du Parlement un libelle séditieux ; mais je ne me mêle pas de ces affaires-là[4].

  1. Voyez la note, tome XLI, page 80.
  2. Voltaire avait écrit, ou du moins ses éditeurs avaient imprimé, Nigon de Berci.
  3. Voltaire a donné quelques-uns de ses écrits comme étant d’un nommé Bigex ; voyez tome XXVII, page 439.
  4. À la fin de cette lettre, dans plusieurs éditions, on lit les cinq derniers alinéas de la lettre 5363.