Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/533

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votre peuple ait les mœurs assez fortes, assez anglaises pour soutenir ce spectacle, digne en partie des Romains et de la Grève, vous vous donnerez le plaisir de le faire essayer sur le théâtre ; se no, no.

Vous me direz : Mais quelle rage de faire des tragédies en quinze jours ! Mes anges, je ne peux faire autrement. Il y avait un peintre, élève de Raphaël, qu’on appelait Fa-presto, et ce n’était pas un mauvais peintre.

Je vais vite parce que la vie est courte, et que j’ai bien des choses à faire. Chacun travaille à sa façon, et on fait comme on peut. En tout cas, vous aurez le plaisir de lire du neuf ; cela vous amusera, et j’aime passionnément à vous amuser.

Remarquez bien que tout est historique : Fulvie avait aimé Octave, témoin l’épigramme[1] ordurière d’Auguste. Fulvie fut répudiée par Antoine. Sextus Pompée était un téméraire, il faisait des sacrifices à l’âme de son père. Lucius César, proscrit, à qui on pardonna, était père de Julie.

Antoine et Auguste étaient deux garnements fort débauchés.

Mes anges, j’ai vu votre chirurgien parmesan : il dit que vous irez à Parme[2], que vous passerez par Ferney ; je le voudrais. Quel jour pour moi ! que je mourrais content !


5344. — À M. HELVETIUS.
26 juillet.

Une bonne âme envoie cette traduction du grec[3] à une bonne âme.

On fait ce qu’on peut de son côté pour la culture de la vigne du Seigneur, et on a lieu de bénir la Providence, qui a fait dans nos cantons un nombre prodigieux de conversions. On ne parle plus de l’infâme qu’avec le dernier mépris, qu’avec horreur.

Nous vous exhortons, mes très-chers frères, à combattre pour notre foi jusqu’au dernier soupir. Ah ! si vous nous aviez consulté quand vous donnâtes votre saint ouvrage !… Mais enfin le passé est passé. On vous trompait ; on se trompait ; on vous ensorcelait ; on avait la démence de demander un privilège ; on vous faisait louer, à tour de bras, de très-mauvais vers[4], de petits

  1. Voyez cette épigramme, tome XVII, page 484.
  2. Voyez la note 2, tome XL. page 111.
  3. Catéchisme de l’Honnête Homme, ou Dialogue entre un Caloyer et un Homme de bien, traduit du grec vulgaire ; voyez cet ouvrage, tome XXIV, page 523.
  4. Ceux de Crébillon.