Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/575

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les visages longs et maigres étaient de vraies faces de conjurés.

Ah ! mes anges, est-il possible que vous n’aimiez pas


À deux voluptueux a livré l’univers[1] ?


C’est bien là pourtant le caractère d’Antoine et du jeune Octave. Vous me forcerez à mettre des remarques ; et les lettres de ces débauchés, que Suétone nous a conservées, y paraîtront avec les gros mots. Que je suis fâché contre vous d’avoir osé condamner ce vers qui dit tant de choses ! Vous y reviendrez, vous l’aimerez, car vous êtes justes.

[2]Mme  Denis et moi, nous baisons le bout de vos ailes, sous lesquelles vous mettez notre procès sacerdotal.

Je n’entends plus parler de la Gazette littéraire, je ne sais si elle paraît. J’ai fait venir des livres d’Angleterre et de Hollande ; ils doivent être chez M. le duc de Praslin : s’il y a des doubles, je le supplie de me les envoyer ; je les prendrai pour mon compte.

Mes anges, le diable est à Genève ; mais il est aussi en France, et j’ai grand’peur que toutes ces belles remontrances n’aboutissent à donner une paralysie à la main de nos payeurs de rentes. Vous ne me parlez jamais de ces petites drôleries[3] ; vous ne songez qu’au tripot : cependant ces affaires-là sont un peu plus intéressantes.

[4]Permettez, je vous en supplie, que je vous adresse ce paquet pour frère Damilaville, qui doit le rendre à M. Mariette. Il est bon de faire des tragédies, mais il faut aussi songer au solide.

Respect et tendresse.

  1. Ce vers était dans la scène première de l’acte premier. Il a été changé, ainsi
    que ceux qui le précédaient ; voyez tome VI, page 185.
  2. Cet alinéa et le suivant n’étaient pas dans la lettre du 11 février 1764.
  3. expression de M. Jourdain dans le Bourgeois gentilhomme, acte I, scène ii.
  4. Au lieu de ce qui suit, on lisait dans la lettre du 11 février 1764 :

    « Mais comment vont les yeux de M. d’Argental ? Celles qui se mettaient à la fenêtre ne s’y mettent plus, les mouleuses cessent de moudre, l’amandier fleurit, la corde d’argent est cassée sur la fontaine : adieu les tragédies. »

    Ce dernier alinéa, dont les expressions sont empruntées au chapitre xii de l’Écclésiaste, se retrouve en grande partie dans la lettre à d’Argental du 25 mars 1763, page 438.