Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/583

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ne sont pas aussi honnêtes gens que lui : aussi je compte beaucoup plus sur la protection de mes anges que sur celle de ces personnages.

Vous devez avoir reçu mes roués ; j’y ai mis tout mon savoir-faire, qui est bien peu de chose ; mais enfin, puisque j’ai fait tout ce que j’ai pu et tout ce que vous avez voulu, qu’avez-vous à me dire ?

Respect et tendresse.


5411. — À M.  LE COMTE DE LA TOURAILLE.
Au château de Ferney, 15 septembre.

Vous êtes, monsieur, dans le cas de Waller, qui proposait une question de philosophie à Saint-Évremont qui se mourait. Saint-Évremont lui répondit : « Vous me prenez trop à votre avantage. »

C’est à vous qu’il appartient de parler du héros aimable que vous avez le bonheur de voir[1].


Témoin de ses vertus, témoin de son courage,
C’est à vous de les peindre à la postérité :
C’est à On exprime avec vérité
C’est à Ce qu’on voit et ce qu’on partage.
C’est à Moi, je ne suis qu’un pauvre sage.
Vivant dans mes foyers, et mourant dans mon lit.
C’est à En vain j’aurais tout votre esprit,
Ma voix ne peut chanter l’audace extravagante
De tous ces grands Condés dont la France se vante :
Chacun d’eux, à vingt ans capitaine et soldat,
Va prodiguer un sang nécessaire à l’État,
Cherchant tous à mourir aux champs de Vestphalie.
J’admire, en gémissant, cette illustre folie ;
Et tout ce que je puis, c’est de former des vœux
C’est à Pour que le ciel, en dépit d’eux.
Par charité pour nous leur conserve la vie.


Pardonnez à ces mauvais vers qu’un malade a dictés, et faites-en de meilleurs : cela ne vous sera pas difficile.

  1. La Touraille était écuyer du prince de Condé ; voyez tome XL, page 326.