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5554. — À M. LE DUC DE LA VALLIÈRE.
6 février.

Je crois Macare à Montrouge ; monsieur le duc est encore plus fait pour Macare que pour des faucons[1]. S’il était un de ces ducs et pairs qui ne savent pas le grec, on lui dirait que Macare signifie bonheur, et Thèlème, volonté ; mais on ne lui fera pas cette injure.


5553. — DE FRÉDÉRIC,
landgrave de hesse-cassel.
Cassel, 6 février.

Monsieur, j’ai reçu, avec tout le plaisir imaginable, votre lettre avec le Traité sur la Tolérance. Je l’ai lu, et on n’a pas de peine à y reconnaître son auteur, toujours plein de feu, d’idées neuves, et d’un jugement, admirable. Le sort de cette pauvre famille des Calas m’a touché jusqu’au fond de l’âme. Comment se peut-il que, dans un siècle aussi éclairé que celui où nous vivons, il se commette encore de pareilles choses, qui feraient honte aux siècles les plus reculés ? J’ai eu soin de vous faire remettre par un marchand de Genève un petit secours pour cette pauvre famille. Que je serais charmé si je pouvais espérer de vous voir à ma cour ! Je suis au désespoir que votre santé vous en empêche. Il faudra donc, malgré moi, me borner à vous prier de me donner souvent de vos nouvelles, auxquelles je m’intéresse beaucoup.

Je lis et relis vos ouvrages toujours avec le même plaisir. J’ai vu représenter Olympie à Manheim avec un plaisir infini ; et en dernier lieu, sur mon théâtre, les comédiens français nous ont donné Sémiramis, et ils se sont surpassés.

Je suis avec beaucoup d’amitié et d’estime, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.


Fredéric, landgrave de Hesse.

5556. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL[2].
7 février.

Voici deux Olympie rentrayées, je les mets sous les ailes de mes anges ; l’une sera pour Mlle Clairon, l’autre pour Lekain. Les changements ne regardent qu’eux, et il n’y a qu’un vers de changé

  1. Le duc de La Vallière, à qui Voltaire envoyait son conte de Macare et Thélème, était grand-fauconnier de France.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.