Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome43.djvu/186

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J’ai oublié, dans ma dernière lettre, de vous prier de m’envoyer Macare imprimé, avec la lettre au grand-fauconnier[1]. Il faut que ce grand-fauconnier ait le diable au corps de faire imprimer ces rogatons.

Ne pourrai-je jamais m’édifier avec l’Instruction pastorale de Christophe ? Je suis fou des pastorales, depuis celle de Jean-George ; elles m’amusent infiniment. Est-il vrai qu’il y a un jésuite, nommé Desnoyers, qui a bravement signé le formulaire imposé aux ci-devant soi-disant jésuites ?

Est-il vrai qu’on a mis au pilori la grosse face de l’abbé Caveyrac, apologiste de la Saint-Barthélémy et de l’institut de Loyola ? S’il est de la maison de Gaveyrac[2], c’est un homme de grande qualité ; mais il se peut que ce soit un polisson qui ait pris le nom de son village.

Il me paraît que nosseigneurs de parlement vont grand train. Quand serai-je assez heureux pour avoir le libelle de ce prêtre[3] ? C’est un coquin qui ne manque pas d’esprit ; il est même fort instruit des fadaises ecclésiastiques, et il a une sorte d’éloquence. Frère Thieriot devrait bien s’amuser un quart d’heure à m’écrire tout ce qu’on dit et tout ce qu’on fait. Vous ne me parlez plus de ce paresseux, de ce négligent, de ce loir, de cet ingrat, de ce liron qui passe sa vie à manger, à dormir, et à oublier ses amis. Il n’a rien à faire ; et vous, qui êtes accablé d’occupations désagréables, vous trouvez encore du temps pour écrire à votre frère.

Dieu vous le rende ! vous avez une âme charmante. Écr. l’inf…


5610. — À M. PALISSOT.
Ferney, 4 avril.

Je n’avais pas envie de rire, monsieur, quand vous m’envoyâtes votre petite drôlerie[4]. J’étais fort malade. Mon aumônier, qui est, ne vous déplaise, un jésuite[5] ne me quittait point. Il me faisait demander pardon à Dieu d’avoir manqué de charité

  1. La lettre du 6 février, n° 5554.
  2. Jean Novi de Caveyrac, né à Mines le 6 mars 1713, est mort en 1782.
  3. Il s’agit ici du : Il est temps de parler, que Voltaire croyait être de Caveyrac, mais qui est de l’abbé Dazès ; voyez page 137.
  4. Cette expression de Molière (Bourgeois gentilhomme, acte I, scène ii) désigne ici la Dunciade, poëme de Palissot, dont la première édition, qui n’a que trois chants, parut en 1764 ; voyez page 164.
  5. Adam.