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5726. — À M. LE PRÉSIDENT DE RUFFEY[1].
28 juillet 1764, à Ferney.

M. Legout[2] fait fort bien, monsieur, de s’en tenir à l’histoire naturelle des orangers en pleine terre, et des fleurs qu’il voit naître au mois de janvier en Provence, pendant que mon cabinet d’histoire naturelle est composé des neiges des Alpes et du mont Jura. Mais je suis trop faible, trop vieux, trop malade pour me transplanter. Si je faisais un voyage, ce serait pour vous aller voir à Dijon ; mais je ne suis point sorti de chez moi depuis que j’ai eu l’honneur de vous recevoir dans ma petite retraite. Je trouve M. de La Marche bien jeune ; il ne peut tenir en place ; il a besoin de mouvement comme moi de repos.

Vraiment oui, je voudrais bien vous envoyer ce recueil[3] dont vous parlez ; il est assez plaisant que je n’en aie pas un seul exemplaire. On en va faire une nouvelle édition qui sera moins fautive que les autres. Soyez bien sûr que les premiers exemplaires seront pour vous : c’est un hommage que je vous dois.

On dit que le président de Brosses vient faire inoculer son fils[4] à Genève : ce sera au meilleur marché possible. Portez-vous bien, je vous embrasse de tout mon cœur.


5727. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL[5].
30 juillet.

La poste part ; je n’ai que le temps de dire à mon ange que le Portatif[6] n’est point de moi, que je le renie, et que cette affaire empoisonne un peu ma pauvre vieillesse, qui était assez plaisante.

Mettez-moi plus que jamais à l’ombre de vos ailes.

  1. Éditeur, Th. Foisset.
  2. Legouz de Gerland, né en 1695, mort en 1774, était alors à Hyères. Inutile de rappeler qu’il avait connu Voltaire au collège Louis-le-Grand, ainsi que l’ancien premier président de La Marche. (Th. F.)
  3. Celui de ses œuvres.
  4. Charles-Sébastien, fils de Charles de Brosses et de Françoise de Castel-Crévecœur, mort le 29 mai 1765. Il fut inoculé par Tronchin. (Th. F.)
  5. Éditeurs, de Cayrol et François.
  6. Le Dictionnaire philosophique.