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Vous m’apprendrez bien des sottises, et je profiterai de vos bonnes réflexions. J’ose compter sur votre amitié, et vous pouvez être sûr de la mienne.


5845. — À M.  TRONCHIN-ESCULAPE[1].
1764.

Le gazetier d’Amsterdam très-anti jésuitique ne dit pas un mot des révérends Pères. Le résident de France jure que la chose n’est pas vraie : un ministre de France doit être bien instruit. On m’assure la nouvelle de Paris ; mais ce sont des philosophes, gens suspects, qui la débitent. En attendant, prions Dieu pour la conversion de la société.

Mon cher Esculape, Dieu ne m’a donné ni votre corps ni votre sagesse ; cependant je vis, grâce à vos conseils et à mon régime. Je supporte mes maux ; je jouis des intervalles, et je vous aime de tout mon cœur.


5846. — À M.  DUPONT.
À Ferney, 14 décembre.

… Comment fera dorénavant votre insolent frère Kroust[2] les autres maroufles qui faisaient accroire au conseil souverain qu’ils avaient tout crédit à Versailles, et que frère Kroust minor, confesseur de la dauphine, gouvernait le royaume ?

Je n’ai nulle nouvelle certaine des autres édits concernant les finances ; je ne me mêle que des miennes, qui étaient en assez mauvais ordre, et que je cherche à rétablir par les contrats que vous voulez bien faire. M. le prince Louis de Wurtemberg, qui est à Lausanne, persiste à ne pas même écrire un mot de bonté et d’honnêteté sur cette affaire. Je veux respecter ses motifs, et croire que si malheureusement on perdait un jour monsieur le duc régnant, le prince Louis, son successeur, ne manquerait pas de faire justice à mes héritiers ; il a trop d’honneur pour ne pas acquitter des dettes si légitimes.

Adieu, mon cher ami. Mme  Denis et moi, nous vous embrassons tendrement.


Voltaire.
  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Jésuite de Colmar. — Voltaire, au commencement de cette lettre, dont nous n’avons qu’un fragment, parlait de l’édit d’expulsion des jésuites. (G. A.)