Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome43.djvu/419

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sous mon nom, dans les pays étrangers, des écrits auxquels je n’ai pas la moindre part. J’ignore si je dois cet honneur à la malignité d’un éditeur, ou à l’intérêt très-mal entendu d’un libraire. Tout ce que je puis déclarer, c’est que je regarde comme des faussaires[1] tous ceux qui se servent ainsi d’un nom connu pour débiter des livres qui ne sont pas faits pour l’être. N’étant pas à portée de réprimer une pareille licence, je puis et je dois au moins m’en plaindre, et je m’adresse à vous, messieurs, comme à des hommes à qui l’honneur de la littérature doit être plus cher qu’à personne.

J’ai l’honneur d’être, etc.


5855. — À M. PIERRE ROUSSEAU[2].
25 décembre.

Quelque mépris qu’on ait pour la calomnie, il est quelquefois nécessaire de la réfuter. Un libraire d’Amsterdam a cru qu’il était de son intérêt d’imprimer sous mon nom des bêtises hardies[3]. Il a débité une brochure intitulée Ouvrage posthume de M. de M. Y ; le Testament de Jean Meslier, autre brochure, etc. ; et il a donné à ce petit recueil le titre de Collection complète des ouvrages de M. de V. Comment un si petit livre peut-il être intitulé Collection complète, et comment une œuvre posthume de M. Y, et un testament d’un homme mort il y a trente ans, peuvent-ils être de moi ? Je ferai encore une autre question : Comment ne punit-on pas un tel délit, qui est celui d’un calomniateur et d’un faussaire ? Un autre libraire s’est avisé d’imprimer l’Arètin[4] sous mon nom. Un autre donne mes prétendues Lettres secrètes ; mais, mon ami, si elles sont secrètes, elles ne doivent donc pas être publiques.

  1. C’est peut-être cette phrase et la lettre dont elle fait partie qui sont rappelées dans la note suivante, insérée dans le Journal encyclopédique du 15 janvier 1765, page 191 :

    « L’abus qu’on fait du nom de M. de Voltaire, en le plaçant à la tête de certains ouvrages impies et scandaleux auxquels il n’a pas la moindre part, oblige ce célèbre auteur à faire déclarer publiquement qu’il « n’a aucune correspondance avec aucun libraire de l’Europe ; que quiconque se sert de son nom est un faussaire ; et qu’il s’en remet aux magistrats pour punir un tel brigandage. »

  2. Cette lettre a été imprimée dans le Journal encyclopédique, 1765, janvier, II, 145-146 ; et dans le Mercure, 1765, janvier, II, 125-126.
  3. Voyez la note 3, page 384.
  4. L’Arétin parut pour la première fois en 1763, in-12. Il a été réimprimé plusieurs fois sous le titre de l’Arétin moderne. Je n’ai point vu l’édition avec le nom de Voltaire. L’auteur est l’abbé Dulaurens, auteur du Compère Matthieu, etc. ; né en 1719, mort en 1797.