Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome43.djvu/449

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battent dans une ruche, il ne faut pas en approcher. Tout s’arrangera, et ce malheureux Rousseau restera l’exécration des bons citoyens.

Il est fort difficile d’avoir des Évangile[1] ; il sera peut-être plus aisé d’avoir des Portatif. Je me servirai de la voie que vous m’avez indiquée.

Ma santé est fort mauvaise ; j’ai été malade soixante et onze ans, et je ne cesserai de souffrir qu’en cessant de vivre ; mais, en mourant, je vous dirai : Ô vous, que j’aime ! persévérez malgré les transfuges et les traîtres, et écr. l’inf…


5884. — À M. DUPONT.
À Ferney, 15 janvier.

J’ai suivi vos conseils, mon cher ami ; j’ai demandé une belle ratification du traité, avec une expédition des registres de la chambre de Montbéliard. On aime tant à se flatter que j’ose toujours espérer, malgré mon triste état, de vous voir au printemps, et d’examiner ce Montbéliard. Il y a des gens devers la Franche-Comté qui prétendent que la créance n’est nullement assurée ; mais je m’en rapporte plus à vous, qui êtes instruit du fond de l’affaire, qu’à ces messieurs, qui n’ont que des doutes vagues, et fondés seulement sur la défiance qu’on a toujours des princes. Cette défiance est encore fortifiée par les querelles de M. le duc de Wurtemberg avec ses états. On dit que ces querelles sont plus vives que jamais ; elles n’ont heureusement rien de commun avec les terres d’Alsace et de Franche-Comté. M. de Montmartin est un brave et honnête gentilhomme qui n’aurait pas voulu me tromper ; ainsi je crois que je puis me livrer à une douce sécurité. Nous avons à Ferney un de vos compatriotes : c’est M. le chevalier de Boufflers, un des plus aimables enfants de ce monde, tout plein d’esprit et de talents. Si vous étiez ici, il ne nous manquerait rien. Mme Denis, qui n’écrit point, mais qui vous aime beaucoup, vous fait les plus tendres compliments. V.

  1. L’Évangile de la raison (voyez la note 3, page 384). Voltaire se plaignait de ce qu’on avait mis aussi à ce volume le titre de Collection complète des Œuvres de M. de Voltaire ; mais il était loin, comme on voit, de blâmer le recueil.