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Fatalisme, par l’enchanteur Merlin. S’il y peut ajouter le Judicium Franciscorum[1] il me fera grand plaisir ; mais me laissera-t-on mourir sans avoir le Dictionnaire philosophique complet ?

J’envoie votre lettre à Esculape-Tronchin, qui vous exhortera sans doute à la persévérance. On commence aujourd’hui[2] la Destruction du petit théologien : je voudrais bien savoir quel est ce maraud-là.

Je crois que c’est un prêtre janséniste qui est l’auteur d’une des pièces d’éloquence que vous m’avez envoyées ; et je soupçonne, non sans raison, le petit abbé d’Étrée, qui ferait bien mieux de servir à boire de bon vin de Champagne, comme son père, que de succéder au ministère d’Ahraham Chaumeix[3]. Il n’y a pas, Dieu merci, l’ombre du sens commun dans ce ridicule chiffon.

Adieu, mon cher philosophe, mon cher frère.


5906. — À M. DUCLOS[4].
1er février.

Dans la crainte ou j’étais d’avoir manqué à mon devoir par la négligence du gros joufflu Gabriel Cramer, je pris le parti, monsieur, d’envoyer le seul exemplaire que j’aie, et de vous l’adresser, il y a quelques jours, par le carrosse de Lyon. Le gros joufflu Gabriel s’était trompé dans son calcul ; il n’avait pas tiré assez d’exemplaires ; il a été obligé de faire une seconde édition, qui sera prête dans un mois.

Il y a une seconde édition dont je suis bien plus curieux, c’est celle de vos Considérations sur les mœurs. C’est un excellent livre, quoi qu’en disent MM. Fréron et Palissot.

Permettez que M. Damilaville vous rembourse les frais que coûtera le port de l’exemplaire de Corneille que j’ai eu l’honneur de vous envoyer pour l’Académie.

Je ne sais pas pourquoi vous dites que vous ne voulez plus rien faire imprimer. Vous devriez avoir un peu plus de condescendance pour ceux qui veulent s’instruire. Les livres frivoles sont innombrables ; les livres solides sont en bien petit nombre.

  1. Voltaire veut, probablement parler de l’ouvrage dont nous avons donné le titre dans la note 1, tome XXVIII, page 404.
  2. Dans sa lettre à d’Alembert, du 25 janvier, n° 5893, Voltaire dit qu’on avait déjà imprimé la quatrième feuille.
  3. Abraham Chaumeix avait été le premier dénonciateur de l’Encyclopédie : voyez la note, tome XXV, page 474.
  4. Éditeurs, de Cayrol et François.