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5914. — À M.  LE CLERC DE MONTMERCY.
10 février.

Je vous remercie bien tard, mon cher confrère en Apollon ; mais assurément je vous remercie de tout mon cœur de l’amitié que vous me témoignez dans toutes les occasions. Il est vrai que j’ai peu d’obligation à M. Robinet[1]. C’est un grand indiscret, sans doute, que ce M. Robinet, qui publie ainsi les secrets des gens qu’il ne connaît pas, et le tout pour vingt-cinq louis d’or ; en vérité, c’est trop payé. Encore, s’il avait imprimé fidèlement mes secrets, il n’y aurait que demi-mal ; il ressemble aux honnêtes gens qui pendent les autres en effigie ; ils ne s’embarrassent pas que le portrait soit ressemblant. Les beaux vers que vous avez bien voulu faire pour moi[2] me consolent ; vous faites mon apothéose quand d’autres me damnent. Ma santé et ma vue s’affaiblissent tous les jours. Je serai bien fâché de mourir sans avoir pu souper entre vous et M. Damilaville, à qui j’adresse ce petit billet pour vous.

Je supprime toutes les cérémonies, le sentiment ne les admet pas.


5915. — MÉMOIRE ENVOYÉ PAR M. *** À M. ***[3].
pour être examiné dans un comité des seuls fermiers généraux
chargés du département de bresse, gex et valmorey.
13 février au soir, partira le 15.

Le 27 janvier 1765, les sieurs Galline et Bacle, citoyens de Genève, donnèrent avis au bailli de Nyon, en Suisse, près de Gex, qu’une troupe de voleurs devaient le lendemain piller un château en France. Ils donnèrent le signalement de deux chefs de brigands, et promirent de les livrer à la justice, soit en Suisse, soit en France. Le bailli de Nyon communiqua cet avis à tous les juges des environs. Les possesseurs de châteaux mirent leurs vassaux sous les armes pendant huit jours. La maréchaussée et les employés patrouillèrent exactement.

Les deux Genevois Galline et Bacle firent le même rapport au maire de la petite ville de Gex, ce qui augmenta les alarmes.

Pendant ce temps-là, quarante contrebandiers à cheval pas-

  1. Éditeur des Lettres secrètes de M. de Voltaire ; voyez tome XXV, page 579.
  2. Voyez la note sur la lettre 5593.
  3. Éditeurs, de Cayrol et François.