Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome43.djvu/508

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Suisse ; vous m’en donnez du séjour des agréments ; on ne peut donner que ce qu’on a. Ma petite chaumière de Ferney est tranquille au milieu de tous ces orages. Je bâtis sur le bord du tombeau, mais je jouis au moins du plaisir de faire pour Mme  Denis un château qui vaut mieux que les petits cantons ; elle vous fait mille compliments. Buvez à ma santé, je vous en prie, avec Cicéron de Beaumont et Roscius Garrick. Adieu ; ma tendre amitié ne finira qu’avec ma vie. V.


5953. — À M.  LE CONSEILLER LE BAULT[1].
Au château de Ferney, 20 mars 1765.

Monsieur, je reçus les cent vingt bouteilles trois jours après vous avoir exposé ma misère. Au lieu de mes doléances, recevez mes tendres remerciements. Permettez-moi de présenter mes respects au magistrat philosophe qui se démet de la place de procureur général, et à celui qui lui succède.

Je suis tout fier des bontés de Mme  Le Bault. Mme  Denis la remercie bien respectueusement, ainsi que vous, monsieur, dont les bontés me sont bien chères, et dont la santé nous est également précieuse.

Oserais-je encore vous supplier de vouloir bien ne me pas oublier auprès de monsieur le premier président, qui m’a toujours honoré de sa protection.

La justice complète rendue enfin aux Calas est applaudie de toute l’Europe, et vous n’ignorez pas à présent cette nouvelle. Cette affreuse aventure n’était point la faute du parlement de Toulouse, mais celle d’un capitoul qui est bien puni aujourd’hui de son fanatisme. Cela ne serait pas arrivé au parlement de Dijon ; il est bien doux de vivre sous ses lois.

J’ai l’honneur d’être, avec beaucoup de respect, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.


Voltaire.

5954. — À M.  LE DOCTEUR TRONCHIN[2].
21 mars.

Mon cher Esculape ne me répond point sur l’emplâtre grand ou petit que mon frère Damilaville doit mettre sur sa gorge. Je

  1. Éditeur, de Mandat-Grancey. — Dictée, mais signée de la main de Voltaire.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.