Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome43.djvu/567

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Moins le hibou de Ferney, monsieur, mérite vos jolis vers, plus il vous en doit de remerciements. Il s’intéresse vivement à vous ; il connaît tout ce que vous valez.


Les erreurs et les passions
De vos beaux ans sont l’apanage ;
Sous cet amas d’illusions
Vous renfermez l’âme d’un sage.


Je vous retiens pour un des soutiens de la philosophie, je vous en avertis : vous serez détrompé de tout ; vous serez un des nôtres.


Plein d’esprit, doux, et sociable,
Ce n’est pas assez, croyez-moi ;
C’est pour autrui qu’on est aimable ;
Mais il faut être heureux pour soi.


Nous avons une cellule nouvelle, et nous en bâtissons une autre ; vous savez combien vous êtes aimé dans notre couvent.


6019. — À M. LE MARQUIS ALBERGATI CAPACELLI[1].
15 mai 1765, à Ferney.

Envoyer, monsieur, de beaux vers italiens à un Français qui perd la vue, c’est donner des perdrix à un homme qui n’a plus de dents. Dès que je pourrai lire, ce sera vous sans doute que je lirai ; et si j’avais pu voyager, ce serait vous que j’aurais voulu voir. Le triste état où je suis ne diminue rien de mon estime et de mon tendre attachement pour vous. Je mourrai avec ces sentiments, et avec le regret de n’avoir pu vous embrasser.


6020. — À M. LE CARDINAL DE BERNIS.
À Ferney, 15 mai.

J’avais résolu, dans ma timide profanerie, de ne point écrire à monseigneur l’archevêque ; mais j’apprends que Votre Éminence fait autant de bien que je lui ai connu d’esprit et de grâce.


Oranis Aristippum decuit color et status et res.

(Hor., lib. I, ep. xvii, v. 23.)
  1. Éditeurs, Bavoux et François.