Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome43.djvu/569

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Gratia, fama, valetudo contigit abunde.

(Hor., lib. I, ep. iv.)

J’écris aujourd’hui de ma main. Une bonne femme m’a presque guéri de mes fluxions, qui m’ôtaient l’usage de la vue : les femmes sont toujours bonnes à quelque chose. Ainsi donc ma main vous assure que mon cœur est pénétré, pour Votre Éminence, d’attachement et de respect.


6021. — À M. DE LA BASTIDE,
avocat à nîmes.
Au château de Ferney, 17 mai.

Je vois, monsieur, par les vers attendrissants que vous avez bien voulu m’envoyer, combien votre cœur sensible a été touché de la funeste aventure des Calas. Vous avez dû applaudir plus que personne à la justice que messieurs les maîtres des requêtes viennent de rendre à cette famille, et aux bienfaits dont le roi l’a honorée. Cette affaire m’a coûté trois ans de peine, que je ne regrette pas. Il y en a une autre à peu près semblable concernant une famille de Castres. Je ne conçois pas par quelle fureur on s’imagine, en Languedoc, que les pères et les mères égorgent leurs enfants dès qu’ils les soupçonnent devoir être catholiques,


Tantum relligio potuit suadere malorum !

(Lucr., lib. I, v. 102.)

Il est temps que la philosophie apprenne aux hommes à être sages et justes. J’ai l’honneur d’être, avec des sentiments respectueux, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur. V.


6022. — DE M. D’ALEMBERT.
À Paris, ce 18 mai.

Mon cher et illustre confrère, voilà M. le comte de Valbelle[1], que vous connaissiez déjà par ses lettres, et que sûrement vous serez charmé de connaître par sa personne. Une heure de conversation avec lui vous en dira plus en sa faveur que je ne pourrais vous en écrire ; il a voulu absolument que je lui donnasse une lettre pour vous, quoique assurément il n’en ait pas besoin. Il vous dira des nouvelles de Mlle Clairon, et de l’intérêt qu’ont

  1. C’est à lui qu’est adressée la lettre 5543, du 30 janvier 1764.