Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome43.djvu/75

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lance, que je me sens incapable de faire des ouvrages dignes de leurs talents. Je les prie d’agréer mes sincères remerciements. Si mon âge, ma mauvaise santé, et la perte des yeux dont je suis menacé, me permettent de travailler à la tragédie d’Olympie, je ne manquerai pas de la leur envoyer incessamment.

La retraite, que mon état me rend absolument nécessaire, me laisse le regret de n’être pas le témoin de leurs talents, et de ne pouvoir mêler mes applaudissements à ceux qu’ils reçoivent du public. Ils savent que j’ai toujours regardé leur art comme un de ceux qui font le plus d’honneur à la France et qui méritent le plus de considération. Les obligations que j’ai à leurs grands talents ont augmenté en moi ces sentiments que je conserverai toute ma vie.

Je me flatte qu’ils sont persuadés de l’estime, du zèle et de la reconnaissance avec lesquels j’ai, etc.


5500. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
30 décembre.

Je mets sous les quatre ailes de mes anges ma réponse à notre ami Lekain et aux comédiens ordinaires du roi ; je les supplie de donner au féal Lekain ces deux paperasses[1]. Si je croyais que mes anges les conjurés eussent le dessein de faire passer Olympie avant les roués[2], j’y travaillerais sur-le-champ, quoique je ne sois guère en train ; c’est à mes conjurés à me conduire, et à me dire ce qu’il faut faire. Je ne suis que l’instrument de leur conspiration ; c’est à eux de me manier comme ils voudront.

Je fais toujours des contes de ma mère l’oie, en attendant leurs ordres. Il y a, je crois, une sottise dans le récit en petits vers de Théone la gaillarde :


Les dieux seuls purent comparaître
À cet hymen précipité ;


il faut :

Les dieux seuls daignèrent paraître[3].

  1. Elles sont perdues.
  2. La tragédie du Triumvirat.
  3. C’est ainsi qu’on lit dans toutes les éditions que nous avons vues du conte
    intitulé les Trois Manières ; voyez tome X.