Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome43.djvu/88

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paraît mêler à sa bonté des actions de fermeté : d’un côté, il cède à ce que les remontrances des parlements peuvent avoir de juste ; de l’autre, il maintient les droits de l’autorité royale. Je crois que la postérité rendra justice à cette conduite digne d’un roi et d’un père.

On m’assure toujours que le mandement de l’archevêque de Paris est imprimé clandestinement, et qu’on en a vu plusieurs exemplaires. Si vous pouvez, mon cher frère, me procurer une de ces Instructions pastorales[1] et un Anti-financier[2], vous me soulagerez beaucoup dans ma misère. Je suis entouré de frimas, accablé de rhumatismes. Mes yeux vont toujours fort mal ; mais je me ferai lire ces deux ouvrages, que j’attends avec impatience de vos bontés fraternelles.

Je ne sais rien de nouveau non plus du théâtre ; mais ce qui me touche le plus, c’est le beau projet que Dieu vous a inspiré, à vous et à vos amis, et ce beau projet est… Écr. l’inf…


5514. — À M. LE PRÉSIDENT DE RUFFEY[3].
8 janvier 1764, à Ferney.

Je vous jure, mon cher président, que je n’ai envoyé aucun conte à Dijon, excepté un compte à mon procureur de tout ce que me demande mon curé ; et ce compte est une chose tout à fait différente du conte de Ce qui plaît aux Dames. Je ne sais comment ce petit amusement a percé dans le monde ; tout ce que je sais, c’est que c’est un conte de ma mère l’oie, un conte de fées.

J’ai ouï dire que ces créatures qui dansaient sur l’herbe, en ne la touchant pas, étaient des fées ; et l’Académie de Dijon sait sans doute que ces demoiselles dansaient en rond, et qu’elles disparaissaient dès qu’on les regardait. Je ne connais point l’auteur de ce conte, mais je me doute bien qu’il n’acceptera pas les trois vers qu’on lui propose[4]. Si ce petit ouvrage m’était tombé entre les mains, et si je l’avais envoyé à quelqu’un à Dijon, c’aurait été sûrement à vous.

Il y a un ouvrage plus intéressant, qui commence à percer un peu dans le monde : c’est un Essai sur la Tolérance ; il y en a

  1. Voyez la note 4, pape 66.
  2. Voyez la note 1, page 58.
  3. Éditeur, Th. Foisset.
  4. Il s’agissait d’une correction proposée par. M. de Ruffey.