Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome44.djvu/111

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J’ai pris la liberté de supplier l’électeur palatin d’ordonner à son ministre à Paris de souscrire pour plusieurs exemplaires[1] ; je vous supplie de vous informer si ses ordres sont exécutés. Il doit y avoir pour environ mille écus de souscriptions à Genève. J’en ai pour ma part quarante-ncuf qui ont payé, et cinq qui n’ont pas payé. Vous pourrez faire prendre l’argent chez M. Delaleu quand il vous plaira.

M. le comte de La Tour du Pin m’écrivit sur-le-champ une lettre digne d’un brave militaire. Il m’ordonna de ne point rendre l’homme en question, sous quelque prétexte que ce pût être. Voilà comme il en faudrait user avec les persécuteurs de l’abominable espèce que vous connaissez.

On dit que Ce qui plaît aux Dames[2] a eu un grand succès à Fontainebleau. Il ne m’appartient pas, à mon âge, de me rengorger d’avoir fourni le canevas des divertissements de la cour ; mais je suis fort aise qu’elle se réjouisse, cela me prouve évidemment que monsieur le dauphin n’est point en danger comme on le dit.

J’ai peur qu’à la Saint-Martin le parlement et le clergé ne donnent leurs opéras-comiques, dont la musique sera probablement fort aigre ; mais la sagesse du roi a déjà calmé tant de querelles de ce genre que j’espère qu’il dissipera cet orage.

On m’a mandé qu’il paraissait un mandement d’un évêque grec[3] ; je ne sais si c’est une plaisanterie ou une vérité. Il me semble que les Grecs ne sont plus à la mode. Cela était bon du temps de M. et de Mme  Dacier. Je fais plus de cas des confitures sèches que vous m’avez promis de m’envoyer par la diligence de Lyon ; je crois que les meilleures se trouvent chez Fréret[4], rue des Lombards. Pardon des petites libertés que je prends avec vous, mais vous savez que les dévots aiment les sucreries.

Je peux donc espérer que j’aurai, au mois de janvier, le gros ballot qu’on m’a promis[5]. Il me fera passer un hiver bien agréable ; mais cet hiver ne vaudra pourtant pas le mois d’été que vous m’avez donné. Il me semble qu’avec cette pacotille je pour-

  1. Voyez lettre 6128.
  2. La Fée Urgèle.
  3. Mandement du révérendissime Père en Dieu Alexis, archevêque de Novogorod-la-Grande ; voyez tome XXV, page 345.
  4. Les confitures de Fréret dont parle ici Voltaire sont la Lettre de Thrasybule à Leucippe ; voyez la note, page 89.
  5. Les tomes VIII et suivants de l’Encyclopédie. Il ne les reçut qu’en février 1766.