souffrir le galimatias, se trouvât-il dans Pierre Corneille ; de trouver le roman de Julie[1] détestable au nez des dames qui l’admiraient en baillant, etc., etc.
Je me fais faire un petit tombeau dans mon cimetière. Pompignan se ferait enterrer sur le maître-autel. Vous ferez, s’il vous plaît, mon épitaphe, et vous y direz que je pensais comme vous. Vivez heureux !
Je renvoie à mes divins anges le mémoire de M. de La Voute[2] pour les comédiens. Je les supplie très-humblement de trouver que j’ai raison, parce que je crois avoir raison ; mais, s’ils me condamnent, je croirai que j’ai tort. La tournure que vous avez prise est très-habile. La déclaration du roi sera un bouclier contre la prêtraille. Elle sera enregistrée ; et quand les cuistres refuseront la sépulture à un citoyen pensionnaire du roi, on leur lâchera le parlement. Ne vous ai-je pas mandé que ma Catherine vient de chasser les capucins[3], pour n’avoir pas voulu enterrer un violon français ?
Vous êtes donc de très-bons politiques ; vous auriez donc arrangé les Genevois en vous jouant ? On dit M. le chevalier de Beauteville malade : il peut se donner tout le temps de raffermir sa santé, rien ne presse ; il n’y a pas eu une patte de froissée dans la guerre des rats et des grenouilles[4]. M. Crommelin est un peu ardent ; on aurait dit que le feu était aux quatre coins de Genève. Comptez que les médiateurs se mettront à pouffer de rire quand ils verront de quoi il s’agit. On a trompé monsieur le duc, on l’a engagé à précipiter ses démarches. Les Zurichois, qui n’aiment pas à dépenser leur argent inutilement, commencent à murmurer qu’on les envoie chercher pour une querelle d’auteur : car c’est là l’unique fond de la noise. Si je ne m’occupais pas tout entier de l’affaire des Sirven, qui est plus
- ↑ C’est sous le nom de Ximenès que Voltaire avait donné une critique de ce roman de J.-J. Rousseau ; voyez tome XXIV, page 165.
- ↑ Pierre-Jabineau de La Voute, né à Étampes en 1721, avocat en 1746, mort le 1er mars 1787.
- ↑ Voyez la lettre de Catherine, du 11-22 août 1765, n° 6089, page 45.
- ↑ Voltaire a déjà, dans sa lettre 6255, comparé les querelles des Genevois à celles des rats et des grenouilles.