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à faire les avances. Je sers actuellement mon quartier de Tirésie. Mes fluxions sur les yeux me mettent hors d’état d’écrire, et je pourrais bien être aveugle encore quelques semaines. Nous avons ici M. de Chabanon : il est musicien, poëte, philosophe, et homme d’esprit ; il fait de vous le cas qu’il en doit faire. Nous avons tous été fort contents de la réponse de notre protecteur[1] à messieurs du parlement ; cette pièce nous a paru noblement pensée et noblement écrite ; et si l’auteur n’était pas notre protecteur, je le voudrais pour mon confrère.

Je me flatte que votre ami M. de La Chalotais sortira brillant comme un cygne de la bourbe où on l’a fourré ; il a trop d’esprit pour être coupable.

Vous savez que le parlement d’Angleterre a révoqué son timbre ; je ne pense pas qu’il raccommode celui de Jean-Jacques.

Adieu, mon très-cher philosophe ; je me flatte que la personne avec qui vous vivez est philosophe aussi, et je fais des vœux pour que le nombre s’en augmente. Ne m’oubliez pas auprès de M. Turgot, s’il est à Paris. Je me sens beaucoup de tendresse pour les penseurs.


6291. — À M. LACOMBE[2].

Puisque vous avez, monsieur, quitté le barreau pour la typographie, je me flatte que cette dernière profession vous sera très avantageuse, si vous imprimez vos ouvrages.

Ma mauvaise santé m’a empêché de lire le Richardet[3] et de vous répondre aussitôt que je l’aurais voulu. Je viens de commencer cette lecture, elle m’amuse beaucoup ; je trouve des vers faciles et bien tournés. Recevez, monsieur, mes remerciements avec ceux que je dois à l’auteur.

J’ai l’honneur d’être, avec une estime bien véritable, monsieur, etc.


6292. — À M. DAMILAVILLE.
12 mars.

Je viens de relire le Vingtième de M. Boulanger[4], mon cher ami, et c’est avec un plaisir nouveau. Il est bien triste qu’un si

  1. Louis XV.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François. — Avocat et rédacteur du Mercure, M. Lacombe se fit imprimeur et libraire à Paris.
  3. Poëme de Fortiguerra, traduit par Dumouriez, père du général.
  4. Voyez la note, page 225.