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ANNÉE 1766.

prie, monsieur, de vouloir bien leur présenter mes respects. J’aurais bien voulu vous écrire quelques mots dans votre langue, que j’aimerai toute ma vie, et pour laquelle vous redoublez mon goût ; mais je perds la vue, et je suis obligé de dicter que je suis, avec l’estime la plus respectueuse, monsieur, votre, etc.


6301. — À M.  LACOMBE[1].
Au château de Ferney, par Genève, 29 mars.

Je vous ai plus d’une obligation, monsieur : celle de vos soins, celle de vos présents, et celle de votre préface, de laquelle vous me faites un peu rougir, mais dont je ne vous dois pas moins de reconnaissance. Je crois vous avoir déjà dit qu’ayant quitté la profession des Patru pour celle des Estienne, vous vous tireriez mieux d’affaire en imprimant vos ouvrages que ceux des autres. Je doute que le petit recueil que vous avez bien voulu faire de tout ce que j’ai dit sur la poésie ait un grand cours ; mais, du moins, ce recueil a le mérite d’être imprimé correctement, mérite qui manque absolument à tout ce qu’on a imprimé de moi.

Au reste, vous me feriez plaisir d’ôter, si vous le pouviez, le titre de Genève ; il semblerait que j’eusse moi-même présidé à cette édition, et que les éloges que vous daignez me donner dans la préface ne sont qu’un effet de mon amour-propre. Je me connais trop bien pour n’être pas modeste. Je ne suis pas moins sensible à toutes les marques d’amitié que vous me donnez. Que ne puis-je être à portée de vous témoigner l’estime, la reconnaissance et l’amitié, avec lesquelles j’ai l’honneur d’être, monsieur, votre, etc.


6302. — À M.  LE COMTE D’ARGENTAL.
29 mars.

Mes divins anges, ce n’est pas des roués, mais des fous, que je vous entretiendrai aujourd’hui. De quels fous ? m’allez-vous dire. D’un vieux fou qui est Pierre Corneille, petit-neveu, à la mode de Bretagne, de Pierre Corneille, et non pas de Pierre Corneille auteur de Cinna, mais sûrement de l’auteur de Pertharite, qui n’a pas le sens commun.

Nous avions toujours craint, Mme  Denis et moi, sur des

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.