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CORRESPONDANCE.

Adieu, mademoiselle ; je vous supplie de vouloir faire souvenir de moi vos amis, et surtout d’être bien persuadée qu’il n’y en a aucun de plus sensible que moi à tous vos difrérents mérites. Je vous serai attaché toute ma vie, soit que vous donniez des bénéfices à des prêtres, soit que vous les corrigiez de leur impertinence, soit que vous les méprisiez.


6304. — À M.  L’ABBÉ IRAILH[1].
Ferney, 30 mars.

Depuis la lettre, monsieur, que vous avez bien voulu m’écrire, du 4 mars, M.  Thieriot ne m’a rien envoyé. Je n’ai reçu aucune de ses nouvelles. Il a peu de santé, et c’est l’excuse de son extrême négligence. Si vous êtes dans le dessein de me favoriser du paquet dont vous me flattiez, le moyen le plus court et le plus sûr est de l’envoyer par la diligence de Lyon à M.  Souchai, négociant à Genève.

J’espère trouver, dans les Mémoires de miss Honora[2] le plaisir que m’ont fait vos autres ouvrages. Vous m’annoncez cette production comme tirée d’une source anglaise. Nous devons en user à cet égard comme les Anglais par rapport à nos vins, dont ils ne font passer chez eux que les meilleurs. Tâchons de ne tirer de leur sol en tout genre que ce qu’il peut nous offrir de mieux.

Je ne doute point de la bonté du choix que vous aurez fait, du mérite du sujet, et de tout l’intérêt que vous-même aurez répandu dans cet essai. Voulant bien m’en procurer la lecture, vous me fournirez une occasion de plus de m’affermir dans l’estime que j’ai conçue pour vos talents. C’est avec ces sentiments que j’ai l’honneur d’être, etc.


6305. — À M.  LE COMTE D’ARGENTAL.
1er avril.

Je crois, mes anges, que le petit ex-jésuite me fera tourner la tête. Il est au désespoir d’avoir choisi un sujet qui n’est pas dans les mœurs présentes ; il dit que ce n’est pas assez de bien faire,

    trefois contre de vils baladins. Il n’eût pas fallu moins sans doute pour engager Mlle  Clairon à remonter sur le théâtre. (K.) — Voyez ci-devant les lettres à M.  Jabineau (n° 6259 et 6280).

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Roman de l’abbé Irailh, qui emprunta son héroïne à Tom Jones.