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CORRESPONDANCE.

et nécessaire ! On a bien de la peine avec les Welches, mais à la fin on vient à bout d’eux.

Il y a deux exemplaires à Genève d’un maudit livre intitulé la France détruite par M.  le duc de[1]… Je n’ai pu parvenir à le voir, et je ne crois pas qu’il se vende à Paris avec privilège. Je me mets au bout des ailes de mes anges avec mon culte ordinaire.


6314. — À M.  DAMILAVILLE.
À Genève, 13 avril.

Nous avons reçu, monsieur, votre lettre du 6 avril. Nous avons été très-affligés d’apprendre que vous avez été malade. Nous attendons avec impatience le paquet que vous nous annoncez par la diligence de Lyon : cela sera très-important pour nos affaires, auxquelles vous daignez vous intéresser.

Nous avons vu à la campagne M.  de Voltaire, qui vous aime bien tendrement, et qui nous a chargés de vous assurer qu’il vous serait attaché toute sa vie. Il nous a paru en assez mauvaise santé, et un peu vieilli.

Nous ne manquerons pas de faire venir de Suisse le recueil des Lettres des sieurs Covelle, Baudinet et Montmolin[2]. En attendant, voici une pièce assez singulière, et qui est très-authentique. Nous en avons reçu quelques exemplaires de Neuchâtel, et ils ont été débités sur-le-champ.

Tous les souscripteurs pour l’Encyclopédie ont reçu leurs volumes dans ce pays. Nous ne concevons pas comment vous n’avez pas les vôtres à Paris. On trouve en général l’ouvrage très-sagement écrit et fort instructif. Il est à croire que, sous un gouvernement aussi éclairé que le vôtre, la calomnie et le fanatisme ne priveront pas le public d’un livre si nécessaire, et qui fait honneur à la France.

On nous mande qu’il y a un arrangement pris entre monsieur le chancelier et M.  de Fresne, et que celui-ci sera nommé chancelier. Pour nous autres Genevois, soit que M.  le duc de Choiseul reprenne les affaires étrangères, ou que M.  le duc de Praslin les garde, nous sommes également reconnaissants envers le roi, qui daigne vouloir pacifier nos petits différends. C’est un procès qui se plaide avec la plus grande tranquillité et la plus grande dé-

  1. C’est un pamphlet contre le duc de Choiseul.
  2. La collection des Lettres sur les Miracles ; voyez tome XXV, page 357.