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ANNÉE 1766.

l’impression qui en reste, même dans l’esprit des médiateurs. Si j’ai mérité votre confiance, si vous me croyez sincèrement occupé de votre bonheur et de votre gloire, permettez-moi de vous répéter que vous ne pouvez trop tôt ni trop complètement renoncer aux tracasseries de Genève. Que vous importe après tout par qui et comment elle sera pacifiée, pourvu que son bœuf soit tendre et son poisson frais.

Encore une fois, je vous prie instamment, pour votre repos et celui de vos amis, d’oublier qu’il y ait un conseil et des représentants dans la banlieue de Ferney. J’ai de très-fortes raisons pour vous parler ainsi, et ma lettre serait ridicule au possible si elle n’était malheureusement trop sérieuse.

J’ai grande impatience de vous voir à loisir pour vous entretenir de choses plus dignes de vous. Rendez, je vous prie, monsieur, justice à la sincérité des sentiments que je vous ai voués depuis longtemps, et que rien ne pourra altérer. H.


6334. — À M. LACOMBE[1].
5 mai.

On ne peut s’intéresser plus que moi, monsieur, à un homme qui honore comme vous la profession que vous avez daigné embrasser. Mandez-moi comment je pourrais vous faire tenir la nouvelle édition, en deux volumes, d’un livre intitulé mal à propos Dictionnaire philosophique, lequel a occasionné encore plus mal à propos beaucoup de contradictions. Si vous n’avez pas l’édition des œuvres du même auteur, faite à Genève, et les trois volumes de Mélanges qui viennent de paraître, on vous les adressera par la voie que vous indiquerez. Vous trouverez aisément dans ces trois volumes, dans la collection de Genève et dans les deux volumes du Dictionnaire philosophique, de quoi faire un recueil de chapitres par ordre alphabétique. Vous trouverez plusieurs chapitres sur le même sujet ; mais, comme ils sont différemment traités, ces variétés pourront n’être que plus piquantes. Tous ces ouvrages imprimés sont remplis de fautes typographiques, qui ne se retrouveront plus dans votre édition.

Un homme de mes amis, qui veut être inconnu, m’a communiqué une tragédie[2], laquelle m’a paru très-singulière, et qui n’est ni dans le style ni dans les mœurs d’aujourd’hui. Elle est accompagnée de notes que je crois curieuses et intéressantes, et d’un morceau historique qui l’est encore davantage. Cela pourra faire un juste volume. Il faudrait non-seulement garder le pro-

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Le Triumvirat.