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ANNÉE 1766.

fois chez M. d’Holbach ; son nom est, je crois, Bergier[1]. Il m’a paru en effet digne de vivre avec vous.

On dit que Mlle Clairon a rendu le pain bénit, et que toute la paroisse a battu des mains.

M. le prince de Brunswick vient bientôt honorer mon désert de sa présence. Je ne sais comment je pourrai le recevoir dans l’état où je suis. Je m’affaiblis plus que jamais, mon cher frère ; mais puisque Fréron et Omer se portent bien, je dois être content.

Je vous embrasse avec la plus tendre amitié. Écr. l’inf…


6382. — À M. LE MARQUIS D’ARGENCE DE DIRAC[2].
1er juillet.

Je puis vous assurer, monsieur, que ceux qui imputent à M. de La Barre et à son camarade d’extravagance le discours qu’on leur fait tenir à M. Pasquier[3] ont débité l’imposture la plus odieuse et la plus ridicule. De jeunes étourdis que la démence et la débauche ont entraînés jusqu’à des profanations publiques ne sont pas gens à lire des livres de philosophie. S’ils en avaient lu, ils ne seraient pas tombés dans de pareils excès ; ils y auraient appris à respecter les lois et la religion de notre patrie. Toutes les nouvelles qu’on a débitées dans votre pays sont extrêmement fausses. Non-seulement l’arrêt n’a pas été exécuté, mais il n’a pas été signé, et il n’a passé qu’à la majorité de trois voix. On a pris le parti de ne point faire signer cet arrêt, pour prendre à loisir les mesures convenables qui en empêcheront l’exécution[4]. La peine n’aurait pas été proportionnée au délit. Il n’est pas juste de punir la démence comme on punit le crime.

M. Boursier compte vous faire incessamment un petit envoi. Il vous est toujours très-tendrement attaché, et conservera ces sentiments jusqu’au dernier jour de sa vie.


6383. — À M. LACOMBE[5].
1er juillet.

Je fais partir, monsieur, par la diligence de Lyon, à votre adresse, les trois volumes de Mélanges de philosophie et d’histoire

  1. Frère de l’abbé, et traducteur de quelques ouvrages.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.
  3. Conseiller au parlement de Paris, rapporteur de l’afTaire La Barre.
  4. On peut juger par cette phrase de quel étonnement, de quelle fureur sera saisi Voltaire quand il apprendra le sanglant dénoùment. (G. A.)
  5. Éditeurs, de Cayrol et François.