Puisque vous ne venez, monsieur, qu’au mois de septembre, je prends la liberté de vous envoyer ces deux lettres qu’on avait adressées à Ferney. Plût à Dieu que ce petit ermitage pût avoir l’honneur de vous recevoir toutes les fois que vous allez à votre régiment ! Ayez la bonté d’apporter avec vous un ou deux exemplaires du livre nouveau dont vous me parlez, nous ferons des échanges. Recevez mes très-tendres et très-respectueux compliments.
Nous vous remercions, monsieur, ma famille et moi, de la part que vous voulez bien prendre à l’établissement que nous projetons. Nous savons que les commencements sont toujours difficiles, et qu’il faut se roidir contre les obstacles.
Je conseillerais à M. Tonpla[1] de faire un petit voyage par la diligence de Lyon ; c’est l’affaire de huit jours. Il verrait les choses par lui-même, et s’aboucherait avec votre ami. On saurait précisément sur quoi compter.
Il est certain que cet établissement peut faire un très-grand bien, et que l’utile y serait joint à l’agréable. La liberté entière du commerce le fait toujours fleurir ; la protection dont on vous a parlé est sûre.
Le petit voyage que je propose peut se faire dans un grand secret ; et M. Tonpla, allant à Lyon, sous le nom de M. Tonpla, ou sous celui de monsieur son cousin, ne donnera d’alarme à aucun négociant.
Nous avons reçu des lettres d’Abbeville qui sont très-intéressantes. Nous aurons du drap de Van Robais, qui sera de grand débit, et nous espérons n’avoir point à craindre la concurrence.
M. Sirven me charge de vous présenter ses très-humbles remerciements. Quelques étrangers ont pris beaucoup de part à son malheur ; mais on ne s’est adressé à aucun homme de votre pays : on craint que la pitié ne soit un peu épuisée.
Ma femme, mon neveu, et moi, nous vous embrassons de tout notre cœur. Votre très-humble et très-obéissant serviteur.