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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome46.djvu/358

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CORRESPONDANCE.

Adieu, mon cher philosophe ; je secoue la fange dont je suis entouré, et je me lave dans les eaux d’Hippocrène pour vous embrasser avec des mains pures.

7568. — À MADAME D’ÉPINAI.
4 juin.

Je ne puis dire autre chose à ma philosophe que ce que j’écris à mon philosophe d’Alembert. Je voudrais que tous ceux qui pensent pussent faire un peuple à part, et n’eussent jamais rien de commun avec la canaille idiote, fanatique, persécutante, fourbe, atroce, ennemie du genre humain.

Je suis bien malade, madame, et d’une faiblesse extrême. Un homme tel que M. le comte de Schomberg sera ma consolation ; je n’ai pas tous les jours de pareilles aubaines. Loin de gêner un pauvre malade, il lui fera oublier tous ses maux.

Puisque les lettres au prophète de Bohême sont exactement rendues à ma philosophe, on ne manquera pas d’adresser quelques paquets à M. de Fontaine.

Mille tendres respects.


Et les chiens, s’engraisseront
De ce sang, qu’ils lécheront[1].

7569. — À M. DUPONT (DE NEMOURS)[2].
Ferney, le 7 juin.

Vous donnez à M. de Saint-Lambert les éloges qu’il a droit d’attendre d’un vrai citoyen et d’un écrivain tel que vous.

Vous ne ressemblez pas à celui qui fournit des nouvelles de Paris à quelques gazettes étrangères, et qui en dernier lieu, parmi une foule d’erreurs injurieuses au gouvernement, à la réputation des particuliers, et à l’honneur des lettres, a mandé que le poème français des Saisons est inférieur au poème anglais de Thomson, s’il m’appartenait de décider, je donnerais sans difficulté la préférence à M. de Saint-Lambert. Il me paraît non--

  1. C’est le refrain que chante David dans Saul, acte IV. scène v ; voyez tome V,
    page 603.
  2. Pierre-Samuel Dupont, surnommé de Nemours, parce qu’il était député du bailliage de ce nom aux états généraux, né à Paris en décembre 1739, mort aux États-Unis le 6 août 1815, ; a parlé des Saisons de Saint-Lambert dans les tomes III, IV et V de 1759 de ses Éphémérides du citoyen.