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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome46.djvu/400

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CORRESPONDANCE.

ressées. Je voudrais que M. l’abbé de Chauvelin eût des copies, et qu’on en donnât aux avocats généraux. Mon neveu d’Hornoy[1] peut y servir beaucoup. On a déjà prévenu les coups que l’on pourrait porter du côté de la cour. Je compte sur la voix de mes anges, beaucoup plus que sur tout le reste. Elle est accoutumée à soutenir la vérité et l’amitié ; elle a toujours été ma plus grande consolation. J’ai résisté à des secousses plus violentes. J’ai pour moi mon innocence et mes anges ; je puis paraître hardiment devant Dieu.

Ah ! mon cher ange, que me dites-vous sur le bonheur que j’ai eu de vous offrir[2] un petit service ! Vous êtes mille fois trop bon.

7604. — À M. MOULTOU,
à genève.
22 juillet.

Mon cher philosophe, notre Zurichois[3] ira loin. Il marche à pas de géant dans la carrière de la raison et de la vertu. Il a mangé hardiment du fruit de l’arbre de la science, dont les sots ne veulent pas qu’on se nourrisse, et il n’en mourra pas. Un temps viendra où sa brochure sera le catéchisme des honnêtes gens. On dira à tout théologien :


Théologal insupportable,
Quel dogme nous annonces-tu !
Moins de dogme, et plus de vertu :
Voilà le culte véritable[4].

Je vous embrasse toujours en Zaleucus, en Confucius, en Platon, en Marc-Aurèle, et non en Augustin, en Jérôme, en Athanase.

7605. — À M. D’ALEMBERT.
Ce 23 juillet.

La Providence fait toujours du bien à ses serviteurs, mon cher philosophe. J’ai beaucoup souffert pour la bonne cause ;

  1. Conseiller au parlement.
  2. Voltaire lui avait prêté 10,000 francs.
  3. Jacques-Henri Meister, né le 6 août 1744, avait publié, sans y mettre son nom, l’Origine des principes religieux, Zurich, 1778, in-8°.
  4. Voltaire a déjà cité ces vers dans ses Remontrances à A.-J. Rustan ; voyez tome XXVII p 113.