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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome46.djvu/539

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année 1769.

Adieu, mon cher ami ; je vous souhaite à vous et à toute votre famille beaucoup de bonnes années ; ainsi fait Mme Denis, ainsi fait aussi père Adam.

Voltaire.
7751. — À M. D’ALEMBERT.
12 janvier.

Premièrement, mon cher philosophe, il faut que je vous dise que j’ai vu, il y a quelque temps, une annonce intitulée Supplèment à l’Encyclopédie[1], etc. Ce plan ou programme, appelé Prospectus, comme si nous manquions de mots français, commence ainsi :

« Des libraires associés avaient projeté de refondre entièrement l’immense Dictionnaire de l’Encyclopédie, et d’en faire un ouvrage nouveau ; mais on leur a représenté, etc. »

Il manquait à cet édit la formule car tel est notre plaisir. Vous avez enrichi les libraires, et vous voyez qu’ils n’en sont pas plus modestes.

Il y a quelqu’un qui fait, dit-on, un petit supplément[2] pour se réjouir ; mais il ne fera aucune représentation à ces messieurs.

J’ai lu un petit Avis aux gens de lettres[3], par M. de Falbaire, auteur de l’Honnête Criminel : il ne traite pas ces despotes (j’entends les libraires) ; avec tout le respect possible.

Je ne sais où en est actuellement l’affaire de Luneau de Boisjermain[4] ; j’imagine qu’elle s’en ira en fumée, comme toutes les affaires qui traînent.

Je sais à présent qui vous a récité des vers sur Michon ou Michaud[5], je sais qui vous a dit qu’ils étaient de moi. Il n’est point du tout honnête qu’Achille ait voulu combattre sous les armes de Patrocle. Heureusement il est assez sage pour n’avoir point lâché son ouvrage dans le monde ; mais je ne dois pas être content du procédé.

  1. Ce Supplément, dont les premiers volumes parurent en 1776, est intitulé Nouveau Dictionnaire des sciences et arts ; il est en cinq volumes in-folio.
  2. Il s’agit des Questions sur l’Encyclopédie, qui ont été fondues dans le Dictionnaire philosophique.
  3. Avis aux gens de lettres contre les prétentions des libraires, 1770, in-8°.
  4. Luneau vendait ses ouvrages ; le 31 aoûl 1768, les libraires firent faire une saisie chez lui.

    En février 1770, la chambre de police du Châtelet déclara irrégulière la saisie, et condamna les libraires à cent écus de dommages-intérêts.

  5. Voyez les lettres 7688 et 7745.