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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome46.djvu/546

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CORRESPONDANCE.

mandé. Il est si occupé de ses grandes affaires, qu’il ne m’écrit point.

Je ne sais si vous savez qu’on a mis dans quelques gazettes qu’on donnait la Corse au duc de Parme, et que vous étiez chargé de cette négociation. Il est bon que vous soyez informé des bruits qui courent, quelque mal fondés qu’ils puissent être.

Le progrès des armes de Catau est très-certain. On n’a jamais fait une campagne plus heureuse, si elle continue sur ce ton, elle sera l’automne prochain dans Constantinople. Nos opéras-comiques sont bien brillants ; mais ils n’approchent pas de cette pièce étonnante qui se joue des bords du Danube au mont Caucase et à la mer Caspienne. Les géographes doivent avoir de grands plaisirs.

L’oncle et la nièce se mettent sous les ailes des anges.

À propos, c’est bien à vous de parler de neige ; nous en avons dix pieds de haut et quatre-vingts lieues de pourtour.

Nota bene que si on me soupçonne d’être le prête-nom de l’abbé de Châteauneuf, tout est perdu.

7757. — À M. LEKAIN.
Ce 20 janvier.

L’oncle et la nièce, mon cher ami, sont aussi sensibles à votre souvenir qu’ils doivent l’être. Nous savons à peu près ce que c’est que la petite drôlerie dont vous nous parlez ; c’est une ancienne pièce qui n’est point du tout dans le goût d’à présent : elle fut faite par l’abbé de Châteauneuf, quelque temps après la mort de Mlle Ninon Lenclos. Je crois même qu’elle ne pourrait réussir qu’autant qu’elle est du vieux temps. Ce serait aujourd’hui une trop grande impertinence d’entreprendre de faire rire le public, qui ne veut, dit-on, que des comédies larmoyantes.

Je crois qu’il n’y a, dans Paris, que M. d’Argental qui ait une bonne copie du Dépositaire. Je sais, de gens très-instruits, que celle qu’on a lue à l’assemblée est non-seulement très-fautive, mais qu’elle est pleine de petits compliments aux dévots que la police ne souffrirait pas. L’exemplaire de M. d’Argental est, dit-on, purgé de toutes ces horreurs : au reste, si on la joue, on pourra très-bien s’arranger en votre faveur avec Thieriot ; mais il faut que le tout soit dans le plus profond secret, à ce que disent les parents de l’abbé de Châteauneuf, qui ont hérité de ses manuscrits. Quant aux Scythes, je m’en rapporte à votre zèle, à votre amitié, et à vos admirables talents. V.