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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome47.djvu/306

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CORRESPONDANCE.
8136. — À M. LE MARÉCHAL DUC DE RICHELIEU.
À Ferney, 21 décembre.

Eh, mon Dieu ! je ne sais plus si j’ai demandé à mon héros sa protection auprès de l’empereur de la Chine. En tout cas, voici mon placet que je lui présente[1].

Les meurtriers du chevalier de La Barre et du lieutenant général Lally sont donc un peu humiliés ; mais le sang en est-il moins répandu, et est-ce là une satisfaction ?

Je souhaite à mon héros une bonne année de 1771. Ma bonne année sera celle de sa première gentilhommerie de la chambre en exercice, supposé que je sois alors en vie, ce que je ne crois pas.

On dit que l’Américain[2] de Mlle Clairon n’a pas extrêmement réussi ; mais on espère qu’il réussira.

Je me mets aux pieds de mon héros.

8137. — À M. D’ALEMBERT.
21 décembre.

Cher et digne philosophe, c’est pour vous dire que je fais part à Thomas de la petite menace de l’infulatus de province. Je souhaite que cet auteur des Fétiches, petit persécuteur nasillonneur, n’ait point la place due aux La Harpe, aux Delille, aux Capperonnier, à Marin même, qui peut rendre des services aux gens de lettres ; mais tâchez que MM. Duclos, Thomas, Marmontel, Saurin, Voisenon, gardent le secret. J’ai écrit à M. d’Argental[3], et l’ai prié de parler à Foncemagne, comme je vous l’ai mandé ; et même j’écrirai encore[4]. Je crains bien que l’infulatus ne le sache, et ne me joue un mauvais tour ; mais il faut savoir mourir pour la liberté. C’est une petite douceur de voir les assassins du chevalier de La Barre humiliés ; mais n’importe par qui nous soyons écrasés, nous le serons toujours.

Frédéric m’a écrit des vers à faire mourir de rire, de la part du roi de la Chine[5].

  1. Épître au roi de la Chine, tome X, page 412.
  2. Larive ; voyez lettre 8117.
  3. Voyez lettre 8129.
  4. Cette seconde lettre n’a pas été écrite, ou du moins elle manque.
  5. Voyez la note 2, tome X, page 412 ; et ci-dessus, la lettre 8106.