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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome48.djvu/170

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CORRESPONDANCE.

On a joué, ces jours passés, Olympie sur le théâtre de Genève, qui est à quelques pas de la ville ; elle a été applaudie bien plus qu’à Paris. Une belle actrice toute neuve[1], toute simple, toute naïve, sans aucun art, a fait fondre en larmes. Ce rôle d’Olympie n’est pas fait, dit-on, pour Mlle Vestris ; c’est à vous d’en juger. Patrat a joué supérieurement le grand prêtre. Je le trouve bien meilleur que Sarrazin dans plusieurs rôles ; il me paraît nécessaire au tripot de Paris. Il s’offre à jouer tous les rôles. Il a beaucoup d’intelligence, un air très-intéressant ; il y a là de quoi faire un acteur admirable. Il me serait très-nécessaire dans les Lois de Minos. Les comédiens le refusent-ils parce qu’il est bon ? Ils ont déjà privé le public de plusieurs sujets qui auraient soutenu leur pauvre spectacle. Les intérêts particuliers nuisent au bien général dans tous les tripots.

Je lirai le livre[2] dont vous me faites l’éloge ; mais j’aime mieux Molière que des réflexions sur Molière.

À l’ombre de vos ailes, mes divins anges.

8614. — À M. DE CHABANON.
À Ferney, 30 auguste.

Où avais-je l’esprit, mon cher ami, lorsqu’en vous écrivant je fus assez distrait pour ne pas répondre à l’offre intéressante que vous me faisiez de m’envoyer quelques odes d’Horace traduites par monsieur votre frère[3] ? Je me flatte que j’aimerai Horace en français autant que Pindare. Je suis d’autant plus curieux de cette traduction que je m’amuse actuellement à écrire à Horatius Flaccus[4], comme j’écrivis il y a un an à Nicolas Boileau[5]. Mais j’aime bien mieux encore écrire à mon très-aimable M. de Chabanon, que j’aimerai tant que je respirerai.

Mes compliments à monsieur votre frère, notre confrère.

  1. Elle s’appelait Camille ; voyez lettre 8576.
  2. De l’Art de la comédie, par Cailhava (voyez tome XLIV, page 127), 1772, quatre volumes in-8o. Une nouvelle édition, 1786, n’a que deux volumes in-8o.
  3. Chabanon de Maugris, né en 1736, mort en 1780, donna les Odes d’Horace, livre III, traduites en vers français, 1773, in-12.
  4. Tome X, page 441.
  5. Tome X, page 397.