Aller au contenu

Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome48.djvu/173

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
163
année 1772.

y eût quelque chose de libre en France. Je voudrais que son secrétaire fût mieux renté, afin qu’il y eût justice dans ce monde.

Je voudrais… Je m’arrête dans le fort de mes je voudrais ; je ne finirais point. Je voudrais seulement avoir la consolation de vous revoir avant que de mourir.

On m’a parlé des Maximes du droit public des Français[1]. On m’a dit que cela est fort ; mais cela est-il fort bon ? et avons-nous un droit public, nous autres Welches ? Il me semble que la nation ne s’assemble qu’au parterre. Si elle jugeait aussi mal dans les états généraux que dans le tripot de la Comédie, on n’a pas mal fait d’abolir ces états. Je ne m’intéresse à aucune assemblée publique qu’à celle de l’Académie, puisque vous y parlez. On vous a cousu la moitié de la bouche ; mais ce qui vous en reste est si bon qu’on vous entendra toujours avec le plus grand plaisir.

Nous attendons une histoire détaillée de l’aventure de Danemark[2] ; on la dit très-curieuse ; on prétend même qu’elle est vraie : en ce cas, ce sera la première de cette espèce.

Le roi de Prusse me mande[3] qu’il m’envoie un service de porcelaine ; vous verrez qu’elle se cassera en chemin. Il jouira bientôt de sa Prusse polonaise en digérera-t-il mieux ? en vivra-t-il plus longtemps ?

J’ai à vous dire pour nouvelle que nous nous moquons ici de la foudre ; que les conducteurs, les antitonnerres deviennent à la mode comme les dragées de Kaiser. Si Nicolas Boileau avait vécu de notre temps, il n’aurait pas dit si crûment :


Je crois l’âme immortelle, et que c’est Dieu qui tonne.

(Sat. i, v. 162.)

Vivez memor nostri ; je suis à vous passionnément.

8619. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
5 septembre.

Eh bien ! mon cher ange, tout est-il déchaîné contre les Lois de Minos, jusqu’à la poste ? Il est certain, de certitude physique, que

  1. Par l’abbé Mey, 1772, deux volumes in-12.
  2. La catastrophe de Struensée ; voyez page 38.
  3. Lettre 8600.