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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome48.djvu/259

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année 1772.

quis de Felino a été obligé de leur envoyer de l’argent. C’est le malheur de ma position sur le chemin d’Italie, d’Allemagne, de Savoie et de Suisse, d’être continuellement exposé à recevoir de tels chevaliers errants et d’industrie. J’ai beau m’en débarrasser autant que je le puis ; si on les chasse par la porte, ils rentrent par la cheminée.

Je fais toujours des réflexions profondes sur la Crète ; je vois que je joue mon argent comptant contre des fiches. Mais, après tout, cet argent comptant n’est que de la fumée. C’est la fumée de la gloire, dit-on ; d’accord. Mais on dit aussi que les sifflets font plus de peine que les battements de mains ne font de plaisir. On dit que, si cela est joué froidement, me voilà honni sans rémission, que nos seigneurs du tripot n’ont pas encore commencé une seule répétition, qu’ils se soucient fort peu de faire valoir une pièce nouvelle.

La scène de Sertorius et de Pompée a de grandes beautés, concedo ; mais que le reste de la pièce soit passable, nego. Oh ! comme je serais bafoué, si je donnais une telle pièce aujourd’hui ! Quel rôle je jouerais dans les journaux !

Mais venons à des choses plus intéressantes. Est-il vrai que le roi d’Espagne a retranché environ quatre cent mille livres de rente à votre infant ?

Comment se porte surtout Mme d’Argental ?

8712. — À M. LE COMTE DE ROCHEFORT[1].
18 décembre.

M. le comte de Rochefort et la vieille Mme Dixneufans étant partis le 17 de Mâcon, selon la lettre écrite par le trio, le vieux malade de Ferney, se fondant sur cette lettre, compte que nos voyageurs seront bientôt à Paris ; par conséquent, il adresse ses remerciements dans la rue Sainte-Anne, et suppose qu’ils leur parviendront, soit à Paris, soit à Vandœuvre, et voici ce qu’il leur dit :

« Aimables voyageurs, vous ne verrez point jouer les Lois de Minos ; car vous serez en quartier lorsqu’on les présentera après les Rois ; mais je vous demande en grâce, encore une fois, de ne montrer ces Lois qu’à M. d’Alembert. Je ne crois pas qu’il y ait la moindre allusion raisonnable à faire ; mais tout est toujours

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.