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112 ORESTE.

L’ambition surtout la rondra plus soumise.

Gardez qu’elle résiste à sa lelicité :

Il reste un châtiment ])our sa témérité.

Ici votre indulf^ence et le nom de son père

Aourrissent son orgueil au sein de la misère ;

Qu’elle craigne, madame, un sort plus rigoureux,

Un exil sans retour, et des fers plus honteux.

SCÈNE V.

CLYTEMNESTRE, ELECTRE.

’ CLYTEMNESÏHE.

Ma fille, approchez-vous ; et d’un œil moins austère

Envisagez ces lieux, et surtout une mère.

Je gémis en secret, comme vous soupirez,

De l’avilissement où vos jours sont livrés ;

Quoiqu’il fût dû peut-être à votre injuste haine.

Je m’en afflige en mère, et m’en indigne en reine.

J’obtiens grâce pour vous ; vos droits vous sont rendus.

ELECTRE.

\h, madame ! à vos pieds…

CLYTEMNESTRE.

Je veux faire encor plus.

ELECTRE.

Eh ! quoi ?

CLYTEMNESTRE.

De votre sang soutenir l’origine. Du grand nom de Pélops réparer la ruine, Réunir ses enfants trop longtemps divisés.

ELECTRE.

Ah ! parlez-vous d’Oreste ? Achevez, disposez.

CLYTEMNESTRE.

Je parle de vous-même, et votre âme obstinée À son propre intérêt doit être ramenée. De tant d’abaissement c’est peu de vous tirer : Electre, au trône un jour il vous faut aspirer. Nous pouvez, si ce cœur connaît le vrai courage, De Mycène et d’Argos espérer l’héritage : C’est à vous de passer, des fers que vous portez, À ce suprême rang des rois dont vous sortez.