Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome5.djvu/144

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

i34 ORESTE.

Renferme cette amour et si sainte et si pure. Doit-on craindre en ces lieux de dompter la nature ? Ali ! de quels sentiments te laisses-tu troubler ? Il faut venger Electre, et non la consoler.

ORESTE,

Pylade, elle s’avance, et me cherche peut-être.

PYLADE,

Ses pas sont épiés ; garde-toi de paraître. Va, j’observerai tout avec empressement : Les yeux de l’amitié se trompent rarement.

SCÈNE II.

ELECTRE, Il^HISE, PYLADE.

ELECTRE.

Le perfide… il échappe à ma vue indignée. En proie à ma fureur, et de larmes baignée, Je reste sans vengeance, ainsi que sans espoir.

(À Pj-lade.)

Toi, qui semblés frémir, et qui n’oses me voir.

Toi, compagnon du crime, apprends-moi donc, barbare.

Où va cet assassin, de mon sang trop avare ;

Ce maître à qui je suis, qu’un tyran m’a donné.

PYLADE.

Il remplit un devoir par le ciel ordonné ;

11 obéit aux dieux : imitez-le, madame.

Les arrêts du destin trompent souvent notre âme ;

Il conduit les mortels, il dirige leurs pas

Par des chemins secrets qu’ils ne connaissent pas ;

Il plonge dans l’abîme, et bientôt en retire ;

Il accable de fers, il élève à l’empire ;

Il fait trouver la vie au milieu des tombeaux.

Gardez de succomber à vos tourments nouveaux :

Soumettez-vous ; c’est tout ce que je puis vous dire.