Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome5.djvu/162

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152 ORESTE.

J’ai vu tout son orgueil à l’instant disparaître,

Ses esclaves le fuir, ses amis le quitter,

Dans sa confusion ses soldats l’insulter,

jour d’un grand exemple ! ô justice suprême !

Des fers que nous portions il est chargé lui-même.

La seule Clytemnestre accompagne ses pas.

Le protège, l’arrache aux fureurs des soldats.

Se jette au milieu d’eux, et d’un front intrépide

À la fureur commune enlève le perfide.

Le tient entre ses hras, s’expose à tous les coups,

Et conjure son fils d’épargner son époux.

Oreste parle au peuple ; il respecte sa mère ;

Il remplit les devoirs et de fils et de frère.

À peine délivré du fer de l’ennemi.

C’est un roi triomphant sur son trône affermi.

IPHISE.

Courons, venez orner ce triomphe d’un frère ; Voyons Oreste heureux, et consolons ma mère.

ELECTRE.

Quel bonheur inouï, par les dieux envoyé ! Protecteur de mon sang, héros de l’amitié, Venez.

PYLADE, à sa suito.

Brisez, amis, ces chaînes si cruelles ; Fers, tombez de ses mains ; le sceptre est fait pour elles.

(On lai ûtc ses chaînes.)

SCÈNE VIII.

ELECTRE, IPIIISE, PYLADE, PAMMÈNE.

ELECTRE.

Ah ! Pamrnène, où trouver mon frère, mon vengeur ? Pourquoi ne vient-il pas ?

PAMMÈNE.

Ce moment de terreur Est destiné, madame, à ce grand sacrifice Que la cendre d’un père attend de sa justice : Tel est Tordre qu’il suit. Cette tombe est l’autel Où sa main doit verser le sang du criminel. Daignez l’attendre ici tandis qu’il venge un père. Ce devoir redoutable est juste et nécessaire ;