Compte sur son audace ;
Tu sais comme, ébloui des grandeurs de sa race,
A partager ton règne il se croit destiné.
Qu’à cet espoir trompeur il reste abandonné.
Tu vois avec quel art il faut que je ménage
L’orgueil présomptueux de cet esprit sauvage,
Ses chagrins inquiets, ses soupçons, son courroux.
Sais-tu que de César il ose être jaloux ?
Enfin j’ai des amis moins aisés à conduire
Que Rome et Cicéron ne coûtent à détruire.
O d’un chef de parti dur et pénible emploi !
Le soupçonneux Sura s’avance ici vers toi.
Scène 2
Ainsi, malgré mes soins et malgré ma prière,
Vous prenez dans César une assurance entière ;
Vous lui donnez Préneste ; il devient notre appui.
Pensez-vous me forcer à dépendre de lui ?
Le sang des Scipions n’est point fait pour dépendre.
Ce n’est qu’au premier rang que vous devez prétendre.
Je traite avec César, mais sans m’y confier ;
Son crédit peut nous nuire, il peut nous appuyer :
Croyez qu’en mon parti, s’il faut que je l’engage,
Je me sers de son nom, mais pour votre avantage.
Ce nom est-il plus grand que le vôtre et le mien ?
Pourquoi vous abaisser à briguer ce soutien ?
On le fait trop valoir, et Rome est trop frappée
D’un mérite naissant qu’on oppose à Pompée.
Pourquoi le rechercher alors que je vous sers ?
Ne peut-on sans César subjuguer l’univers ?
Nous le pouvons, sans doute, et sur votre vaillance