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280 VARIANTES DE ROME SAUVÉE.

Malheureux, punis-moi du crime de t’aimer. Tu m’oses reprocher d’être fiible et timide ! Eh bien ! cruel époux, dans le crime intrépide, Frappe ce lâche cœur qui t’a gardé sa foi, Qui déteste ta ragi ;, et qui meurt tout à toi ! Frappe, ingrat ; j’aime mieux, avant que tout périsse, Voir en toi mon bourreau que d’être ta complice.

G ATI LIN. \.

Aurclie ! à ce point pouvez-vous m’outrager ?

A U p. É L I E.

Je t’outrage et te sers, et tu peux t’en venger. Oui, je vais arrêter ta fureur meurtrière ; Et c’est moi que tes mains combattront la première. Es-tu désabusé ? Tu nous as perdus tous.

C ATI LIN A.

Dans ces affreux moments puis-je compter sur vous ? « Vous serai-Je encocher ?

AL RKI.IE.

Oui, mais il faut me croire. Je défendrai tes jours, je défendrai ta gloire. J’ai haï tes complots, j’en ai craint le danger ; Ce danger est venu, je vais le partager. Je n’ai point tes fureurs, mais j’aurai ton courage ; L’amour en donne au moins ; et malgré ton outrage, Malgré tes cruautés, constant dans ses bienfaits, Cet amour est encor plus grand que tes forfaits.

c A T I L l.\ A.

Eh bien ! que voulez-vous ? que prétendez-vous faire ?

A u 11 É L I E.

Mourir, ou te sauver. Tu sais quel est mon père :

En moi de ses vieux ans il voit l’unique appui.

Jl est sensible, il m’aime, et le sang parle en lui.

Je vais lui déclarer le saint nœud qui nous lie,

Il saura que mes jours dépendent de ta vie.

Je peindrai tes remords : il craindra devant moi

D’armer le désespoir d’un gendre tel que toi ;

Et je te donne au moins, quoi qu’il puisse entreprendre.

Le temps de quitter Rome, ou d’os-^r t’y défendre.

J’arrêterai mon père au péril de mes jours.

CATILINA, après un moment de recueillement. Je reçois vos conseils ainsi que vos secours, Je me rends… le sort change… il faut vous satisfaire.

Page 240, vers 2. — Édition de Berlin :

Que l’horrible destin du nœud qui nous rassemble Ne laisse point à iiome un fils qui te ressemble.

CATILIXA.

Et c’est donc là ce cœur qui me fut si soumis. (B.)

/ij(/, avant-dei’nier vers. — Édition de Berlin :

Et moi je t’aime assez pour arrêter tes crimes, Et je cours de ce pas.