Il faut qu’entre mes mains ce dépôt soit livré.
Votre cœur sur un fils doit être rassuré ;
Je le prends sous ma garde.
À peine je respire.
Mais de la vérité, madame, il faut m’instruire :
Quel indigne artifice ose-t-on m’opposer ?
De vous, de votre époux, qui prétend m’imposer ?
Ah ! Des infortunés épargnez la misère.
Vous savez si je dois haïr ce téméraire.
Vous, Seigneur !
J’en dis trop, et plus que je ne veux.
Ah ! Rendez-moi, seigneur, un enfant malheureux :
Vous me l’avez promis ; sa grâce est prononcée.
Sa grâce est dans vos mains : ma gloire est offensée,
Mes ordres méprisés, mon pouvoir avili ;
En un mot, vous savez jusqu’où je suis trahi.
C’est peu de m’enlever le sang que je demande,
De me désobéir alors que je commande,
Vous êtes dès longtemps instruite à m’outrager :
Ce n’est pas d’aujourd’hui que je dois me venger.
Votre époux !… ce seul nom le rend assez coupable.
Quel est donc ce mortel, pour vous si respectable,
Qui sous ses lois, madame, a pu vous captiver ?
Quel est cet insolent qui pense me braver ?
Qu’il vienne.
Objet infortuné de ma douleur mortelle,
Servit son dieu, son roi, rendit mes jours heureux.
Qui !… Lui ? Mais depuis quand formâtes-vous
Ces nœuds ?
Depuis que loin de nous le sort, qui vous seconde,
Eut entraîné vos pas pour le malheur du monde.