Scène V.
Eh bien ! Madame Xantippe, voilà comme vous êtes maîtresse chez vous ! Fi ! Que cela est lâche de se laisser gouverner par son mari ! Ce maudit Socrate m’enlève donc ce beau garçon dont je voulais faire la fortune ! Il me le paiera, le traître.
Ma pauvre madame Drixa, ne vous fâchez pas contre mon mari ; je me suis assez fâchée contre lui : c’est un imbécile, je le sais bien ; mais, dans le fond, c’est bien le meilleur coeur du monde : cela n’a point de malice ; il fait toutes les sottises possibles, sans y entendre finesse, et avec tant de probité, que cela désarme. D’ailleurs il est têtu comme une mule. J’ai passé ma vie à le tourmenter, je l’ai même battu quelquefois ; non seulement je n’ai pu le corriger, je n’ai même jamais pu le mettre en colère. Que voulez-vous que j’y fasse ?
Je me vengerai, vous dis-je. J’aperçois sous ces portiques son bon ami Anitus, et quelques uns des nôtres : laissez-moi faire.
Mon dieu, je crains que tous ces gens-là ne jouent quelque tour à mon mari. Allons vite l’avertir ; car, après tout, on ne peut s’empêcher de l’aimer.
Scène VI.
Nos injures sont communes, respectable Anitus : vous êtes trahi comme moi. Ce malhonnête homme de Socrate donne presque tout son bien à Aglaé, uniquement pour vous désespérer. Il faut que vous en tiriez une vengeance éclatante.
C’est bien mon intention, le ciel y est intéressé : cet homme méprise sans doute les dieux, puisqu’il me dédaigne. On a déjà