des choses ridicules à croire, trop de gens alors se déterminent à ne rien croire du tout ; ils ont assez d’esprit pour voir que votre doctrine est impertinente ; mais ils n’en ont pas assez pour s’élever jusqu’à la loi véritable ; ils savent rire de vos petits dieux, et ils ne savent pas adorer le dieu de tous les êtres, unique, incompréhensible, incommunicable, éternel, et tout juste, comme tout puissant.
Ah ! Le blasphémateur ! Ah ! Le monstre ! Il n’en a dit que trop : je conclus à la mort.
Et nous aussi.
Nous sommes plusieurs qui ne sommes pas de cet avis ; nous trouvons que Socrate a très bien parlé. Nous croyons que les hommes seraient plus justes et plus sages, s’ils pensaient comme lui ; et pour moi, loin de le condamner, je suis d’avis qu’on le récompense.
Nous pensons de même.
Les opinions semblent se partager.
Messieurs de l’aréopage, laissez-moi interroger Socrate. Croyez-vous que le soleil tourne, et que l’aréopage soit de droit divin ?
Vous n’êtes pas en droit de me faire des questions ; mais je suis en droit de vous enseigner ce que vous ignorez. Il importe peu pour la société que ce soit la terre qui tourne ; mais il importe que les hommes qui tournent avec elle soient justes. La vertu seule est de droit divin ; et vous, et l’aréopage, n’avez d’autres droits que ceux que la nation vous a donnés.
Illustres et équitables juges, faites sortir Socrate.
Vous l’avez entendu, auguste aréopage, institué par le ciel ; cet homme dangereux nie que le soleil tourne, et que vos charges soient de droit divin. Si ces horribles opinions se répandent, plus de magistrats, et plus de soleil : vous n’êtes plus ces juges établis par les lois fondamentales de Minerve, vous n’êtes plus les maîtres de l’état, vous ne devez plus juger que suivant les lois ; et si vous dépendez des lois, vous êtes perdus. Punissez la