Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome5.djvu/50

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LE COMTE

Il n'est rien que j'oublie.
Tout sera prêt, et tout est ordonné...

NANINE

Quoi ! Malgré moi votre amour obstiné...

LE COMTE

Oui, malgré vous, ma flamme impatiente
Va tout presser pour cette heure charmante.
Un seul instant je quitte vos attraits
Pour que mes yeux n'en soient privés jamais.
Adieu, Nanine, adieu, vous que j'adore.


Scène IV

.

NANINE

Ciel, est-ce un rêve ? Et puis-je croire encore
Que je parvienne au comble du bonheur ?
Non, ce n'est pas l'excès d'un tel honneur,
Tout grand qu'il est, qui me plaît et me frappe ;
À mes regards tant de grandeur échappe :
Mais épouser ce mortel généreux,
Lui, cet objet de mes timides voeux,
Lui, que j'avais tant craint d'aimer, que j'aime,
Lui, qui m'élève au-dessus de moi-même ;
Je l'aime trop pour pouvoir l'avilir :
Je devrais... non, je ne puis plus le fuir ;
Non... mon état ne saurait se comprendre.
Moi, l'épouser ! Quel parti dois-je prendre ?
Le ciel pourra m'éclairer aujourd'hui ;
Dans ma faiblesse il m'envoie un appui.
Peut-être même... allons ; il faut écrire,
Il faut... par où commencer, et que dire ?
Quelle surprise ! écrivons promptement,
Avant d'oser prendre un engagement.

Elle se met à écrire