Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome5.djvu/516

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

506 TANCRÈDE.

Mais toujours à la loi je fus prêt à me rendre, Et l’intérêt commun l’emporta dans mon cœur.

ORBAS-SAN.

Ces biens sont à l’État, J’État seul doit les prendre. Je n’ai point recherché cette faible ifaveur.

ARGIRE.

N’en parlons plus : hâtons cet heureux hyménée ; Qu’il amène demain la brillante journée Où ce chef arrogant d’un peuple destructeur, Solamir, à la fin, doit connaître un ^vainqueur. Votre rival en tout, il osa bien prétendre, Ei> nous offrant la paix, à devenir mon gendre^ ; Il pensait m’honorer par cet hymen fatal. Allez… dans tous les temps triomphez d’un rival : Mes amis, soyons prêts… ma faiblesse et mon âge Ne me permettent plus l’honneur de commander ; À mon gendre Orbassan vous daignez l’accorder. Vous suivre est pour mes ans un assez beau partage ; Je serai près de vous ; j’aurai cet avantage ; Je sentirai mon cœur encor se ranimer ; Mes yeux seront témoins de votre fier courage, Et vous auront vus vaincre avant de se fermer.

LORÉDAN.

Nous combattrons sous vous, seigneur ; nous osons croire Que ce jour, quel qu’il soit, nous sera glorieux ; Nous nous promettons tous l’honneur de la victoire, Ou l’honneur consolant de mourir à vos yeux.

SCÈNE II.

ARGIRE, ORBASSAN.

ARGIRE.

Eh bien ! brave Orbassan, suis-je enfin votre père ? Tous vos ressentiments sont-ils bien effacés ?

1. Il était très-commun de marier des ciiréticnnes à des musulmans ; et Abdé- lasis, le fils de Mussa, conquérant de l’Espagne, épousa la fille du roi Rodrigue. Cet exemple fut imite dans tous les pays où les Arabes portèrent leurs armes victorieuses, {Note de Voltaire.)